Monsieur le Président, 

Chers collègues, 

À la lecture de cette délibération, où le rôle d’acteur éducatif de la Métropole de Lyon est réaffirmé à travers son soutien à des actions éducatives et citoyennes, il nous est apparu qu’il était opportun d’en saisir l’occasion pour rendre un hommage à Daniel Cordier, décédé récemment, le 20 novembre, et dont l’histoire est intimement liée à celle de Lyon. 

Parachuté depuis Londres à Montluçon dans la nuit du 25 au 26 juillet 1942, il arrive dans notre ville le lendemain, à la gare de Perrache. 

Rendez-vous lui est donné sous la queue du cheval de Louis XIV, place Bellecour, un point de rendez-vous bien connu des Lyonnaises et des Lyonnais. 

Le soir même, au restaurant le Garet, il devient le secrétaire de Jean Moulin, alias Rex, son « patron », représentant du Général de Gaulle en France. 

Dès lors, de juillet 1942 à mars 1943, Daniel Cordier sillonne notre ville, entre Rhône et Saône, entre Perrache et la Croix-Rousse, pour coordonner les réseaux de Résistance, leur donner les moyens de travailler, leur transmettre les directives de Londres. 

Son engagement est d’autant plus remarquable qu’il est issu de l’extrême-droite antisémite. 

C’est dans l’épreuve, devant la réalité du nazisme et de Vichy, qu’il accomplit un chemin intérieur qui l’emmènera de Maurras à de Gaulle. 

Cette histoire, ce parcours de vie, il nous semble essentiel de l’inscrire sur le fronton de l’un de nos collèges. 

Il y en a un, monsieur le Président, qui nous semblerait plus qu’opportun : le futur collège Pré-Gaudry, dans le 7ème arrondissement de Lyon. 

Ce collège est un symbole. 

À quelques centaines de mètres de l’ancienne École de santé militaire où Barbie tortura Jean Moulin, il jouxte ses voies ferrées sur lesquelles tant de victimes ont été acheminées vers la mort, vers les camps de la mort. 

Quand Moulin entra au panthéon le 19 décembre 1964, André Malraux dans son éloge funèbre invitait la jeunesse de France à penser à cet homme. 

Aujourd’hui, si nous vous demandons solennellement d’attribuer le nom de Daniel Cordier au nouveau collège Pré-Gaudry, c’est pour que la Métropole de Lyon permette chaque matin à des centaines de collégiens de penser à cet autre homme, Daniel Cordier, à qui nous devons tant et dont la vie si libre, jusque dans son intimité́, nous contemple et nous invite à l’engagement et à la vigilance. 

Je vous remercie.