Bonjour,

J’interviens en remplacement de Michel Le Faou qui a dû s’absenter du Conseil pour des raisons professionnelles.

La lecture de cette délibération nous a étonnés à plusieurs égards. Déjà sur la méthode, nous connaissions tous les détails de votre projet, annexe inclus, avant même de recevoir ce rapport grâce à un suivi attentif de la presse. Cela commence à devenir une habitude assez lassante puisque ce n’est pas le seul dossier concerné sur cette séance où nous avons appris vos intentions par une notification du Progrès plutôt que par les voies officielles. Peut-être devriez-vous demander une réforme institutionnelle pour faire en sorte que vos projets soient approuvés par la presse avant d’être débattus par les élus issus au suffrage universel ? Cela serait sans doute moins démocratique mais, peut-être, plus conforme à vos habitudes.

Ensuite et contrairement à la présentation que vient d’en faire Béatrice Vessiller, sur les mots employés lors de vos expressions publiques. En effet, dans la presse vous dites que : « rien n’aurait été fait pour permettre aux Lyonnaises et aux Lyonnais de se réapproprier leurs fleuves, ils auraient été laissés à l’abandon ». Ainsi, de Lucius Munatius Plancus à Grégory Doucet et Bruno Bernard, il n’y aurait donc qu’un immense vide. 

Dans les faits, c’est un peu plus complexe que cela et cette reconquête des fleuves a été engagée de longue date.

Aussi, nous allons vous rafraîchir la mémoire, la mémoire de monsieur le Maire de Lyon, en particulier qui, comme néo-lyonnais, connait peut-être mal l’histoire de notre ville et, notamment, le temps long dans lequel s’est construit la ville : 

– dès 1981, il y a 40 ans, la Ville de Lyon avec Francisque Collomb, ès qualité de Maire, institue une commission « Lyon, Ville fluviale » et dans ce prolongement, un colloque est organisé, en 1987, ayant pour titre « la Ville et le fleuve ». Ce colloque marquera l’accélération des réflexions sur le sujet fluvial à Lyon,

– sous l’égide de Michel Noir, en 1990, et sachons rendre hommage à son impulsion et à celle d’Henry Chabert, une étude est confiée à l’Agence d’urbanisme visant à l’élaboration d’un document de planification relatif à l’aménagement des berges du Rhône et des rives de Saône, 

– c’est le fameux plan bleu qui a été adopté par le Conseil de la Communauté urbaine d’alors en 1991 et qui servira de fil conducteur. J’invite aussi monsieur le Maire de Lyon à relire le rapport Jacques Bethemont et de Jean Pelletier de 1990, publié dans la revue de géographie de Lyon, il pourra constater que tous les ingrédients étaient déjà réunis à cette époque. Mais la construction et la transformation de la ville nécessitent du temps long, des financements et surtout pour commencer, il a fallu acter un transfert de l’État de sa compétence portuaire à la Communauté urbaine en instituant un bail emphytéotique sur une partie des berges du Rhône et des rives de Saône pour pouvoir agir. Le plan bleu sera ensuite réalisé en 1998 et servira de base à ce qui suivra,

– ainsi, dès 2001, sous l’impulsion de Gérard Collomb et de Gilles Buna, le projet de berges du Rhône a été une étape essentielle puisque, sur 10 ha et plus de 5 km de long, du parc de la Tête d’Or jusqu’à Gerland, les Lyonnais ont pu se réapproprier ces quais qui sont devenus des véritables lieux de vie, de détente et de loisir. Vous remarquerez d’ailleurs, et vous n’avez pas manqué de vous en féliciter ces derniers jours, que la piste cyclable la plus empruntée de France est celle des berges du Rhône. Pour un fleuve abandonné, c’est quand même pas mal, 

– le projet des rives de Saône s’est ensuite inscrit dans cette continuité avec la réalisation de 15 km de promenade piétonne végétalisée, au plus près de l’eau et en osmose avec son écosystème. Ce projet doit d’ailleurs se poursuivre avec la réalisation des terrasses de la Presqu’île permise à la fin des travaux de Saint-Antoine,

– enfin, le déclassement de l’A6/A7, obtenu après une longue bataille avec l’État et qui vous permet, aujourd’hui, d’envisager plus sereinement le réaménagement du Quai Perrache.

En politique et particulièrement dans l’action d’une collectivité locale et, notamment, en urbanisme, qu’on le veuille ou non, on se situe toujours dans un héritage, dans une continuité et, fort heureusement, au regard de la décorrélation qui peut exister entre le temps politique et celui des grands projets qui transforment une ville. Il s’agirait alors de ne pas l’oublier au milieu des propos d’estrade que vous pouvez tenir, d’autant plus que vous êtes également, pour certains d’entre vous au sein de la majorité, comptables du bilan des derniers mandats. Donc, en lançant ce projet pour la rive droite du Rhône, vous ne récupérez pas un fleuve à l’abandon mais vous êtes dans la continuité de vos prédécesseurs.

Sur le fond, vous entretenez un flou qui vous est bien utile en présentant des grands principes sur lesquels tout le monde peut se retrouver, sans préciser vos intentions concrètes.

Vous souhaitez également le développement des haltes fluviales. C’est une excellente nouvelle. Mais tout l’intérêt des haltes fluviales, c’est que des navettes puissent s’y arrêter. Jusqu’à présent, vous avez refusé d’avancer sur la question d’un service de ce type géré par le SYTRAL, prétextant des raisons techniques et de coûts. Nous serions donc très heureux que vous puissiez nous présenter vos projets en la matière.

La topographie de Lyon, avec ses deux fleuves qui se marient à Confluence, après avoir coulé sur une bonne partie de la ville, est une véritable chance et nous devons la saisir pour développer un service de transports en commun fluvial efficace. 

Notre groupe, qui a porté un certain nombre d’idées pour les secteurs concernés durant la campagne métropolitaine, par exemple la couverture de la circulation devant l’Hôtel Dieu, sera une force de proposition constructive durant cette concertation et restera attentif à ses conclusions. 

Dans l’attente d’en savoir plus sur vos intentions et sur le sens que vous comptez donner à ce projet, notre groupe s’abstiendra. Je vous remercie.