Monsieur le Président,

Mes chers collègues,

J’ai reçu, monsieur le Président, votre courrier nous expliquant les raisons de votre refus d’organiser cette séance en présence de l’ensemble des Conseillers métropolitains, dorénavant élus au suffrage universel au passage, un des points positifs de la loi MAPTAM, vous l’avez souligné d’ailleurs dans votre intervention en début de Conseil.

Vous ne serez pas surpris, votre réponse ne m’a pas convaincu. Vous évoquez le coût de cette opération, sans dire que la démocratie n’a pas de prix, celui-ci aurait pu se négocier. Les très bonnes relations, et c’est bien normal, que vous entretenez avec GL Events et OL Groupe (nous le verrons sans doute tout à l’heure à l’occasion de la délibération sur l’Aréna) auraient pu vous permettre de négocier des conditions avantageuses, soit au Grand stade, soit à la Cité internationale.

Il faudra, à un moment donné, vous résoudre à diriger cette assemblée autrement qu’à travers le filtre d’un écran (dont je n’ai même pas mis la vidéo, voyez-vous, je sais que cela manque à peu de gens mais, pour mon égo, c’est toujours bon, voilà c’est fait) certes plus confortable mais finalement peu respectueux des débats et des élus.

Nous sommes la dernière collectivité en France à fonctionner ainsi. Je sais que votre Exécutif est peu sensible aux classements et à la compétition entre territoires, mais ce classement, monsieur le Président, n’honore pas notre collectivité.

Mais au fond, si cette décision n’était que le symptôme de votre difficulté à prendre la mesure de la Métropole de Lyon ? Si cette décision n’était que le marqueur de votre gouvernance ? Si cette décision n’était que ce que vous souhaitez dans votre relation aux Maires, à vos oppositions, peut-être à vos partenaires de votre majorité, mais aussi, plus largement, votre relation aux habitants de la Métropole ? De la distance, rien que de la distance.

Une crise majeure se déroule sous nos yeux, vous l’avez dit, c’était le sens de votre intervention en début de Conseil, depuis quelques semaines mais aussi sous les yeux de plus de 9 500 agents qui servent au quotidien sur tous nos territoires et dorénavant sous les yeux de nos partenaires (la Région, l’État, le Pôle métropolitain, les Chambres consulaires, le monde associatif, acteurs culturels, acteurs sociaux, que sais-je ?), mais aussi sous les yeux des habitants de la Métropole qui attendent des réponses concrètes à leur problème du quotidien.

Cette crise ne trouve pas sa source dans la loi MAPTAM, même s’il y a des imperfections qu’il faudra un jour corriger. Non, cette crise réside d’abord et avant tout, monsieur le Président et je vous le dis non pas comme Président d’un groupe politique mais comme ancien Président de la Métropole, cette crise est la conséquence de votre difficulté à prendre parfois de la hauteur, à agir en Président de tous les élus métropolitains, de tous ses agents et de tous ses habitants.

Président de la Métropole, c’est rassembler et protéger.

Président de la Métropole, c’est donner de la fierté à nos agents qui agissent au quotidien sur toutes les communes, quelles que soient les communes, proches de votre majorité ou opposées à celle-ci ou en tous cas lointaines à votre majorité.

Président de la Métropole, c’est chercher en permanence des consensus, des accords avec les communes, des partenariats.

Président de la Métropole, c’est bien sûr affirmer des convictions et une vision, et vous en avez, mais en l’adaptant à la réalité et à son contexte.

Président de la Métropole enfin, c’est prendre de la hauteur et prendre le risque de se faire quelquefois égratigner par sa propre majorité quand elle souhaite imprégner sa marque sur les territoires sans toujours tenir compte de la réalité de ceux-ci. N’hésitez pas, monsieur le Président, dans certains cas, à chercher d’autres soutiens dans cette assemblée quand il le faut.

Monsieur le Président, après plus d’un an d’exercice au pouvoir, vous êtes passé, à mon sens, à côté de votre mission en vous appuyant sur cette formule « dernier mandat pour le climat ».

Cette formule vous donnerait tous les droits, et surtout celui de dérouler votre programme sans concertation, sans prise en compte des communes, de leur spécificités, de leur sensibilité et, finalement, sans prise en compte des habitants qui ont choisi un Maire plus souvent, et vous le savez, qu’un Président de Métropole tant cette collectivité, lors du dernier scrutin, leur paraissait encore bien lointaine.

Monsieur le Président, n’oubliez pas, cela a été dit, la participation et le contexte de cette élection. Cela ne remet en rien en question votre légitimité, mais vous oblige à l’humilité et à une grande écoute. Certains l’ont compris dans votre Exécutif, je pense, par exemple, à Fabien Bagnon, très présent dans les différentes communes sur les sujets qui l’occupent.

Alors oui, cette posture a déclenché la colère des Maires dans leur grande majorité. Nous les rejoignons dans leurs inquiétudes et leur revendication d’un vrai dialogue avec tous vos Vice-Présidents et Vice-Présidentes. Nous sommes solidaires de leur refus de votre passage en force sur tous les projets et de cette PPI qui ne traduit que votre volonté politique sans jamais une discussion équilibrée avec les communes. Tout comme eux, nous ne comprenons pas votre refus de les considérer comme des bons connaisseurs de leur territoire et de leurs habitants.

Vous les avez qualifiés, peut-être avec un peu d’emportement, la pression aidant, de « Maires de droite », ce qui ne concerne qu’une partie des Maires signataires. Cette orientation de droite ne les rend pas, certes, vertueux, mais ne justifie pas de les traiter comme des parias de la Métropole.

Président de la Métropole, j’ai eu à traiter des sujets difficiles avec certains Maires, de surcroît de droite, comme vous le dites, mais pas uniquement, mais je n’ai jamais vu, dans le Maire ou la Maire, le militant ou la militante politique, mais seulement le digne représentant de ses habitants.

Alors, solidaires avec tous ces Maires dans leurs démarches ne veut pas dire partager avec certains cette volonté de la remise en cause de la Métropole et de la loi qui va avec. L’expression de Laurent Wauquiez, cela a été dit, sur le Président de la Métropole la semaine dernière, pourrait disqualifier la démarche par son exagération et sa caricature.

Les mots ont une importance et employer « dictatorial » pour la gouvernance est tout à fait intolérable, qui plus est dans la bouche d’un Président de Région qui a une conception, lui-même, bien particulière de sa propre gouvernance sur sa Région. L’initiative des Maires ne doit pas être polluée par de la politique politicienne. Cette Métropole mérite mieux et chacun doit le comprendre.

La Métropole n’est plus uniquement cette machine à produire de la PPI au profil très urbain sur les communes. Elle est née pour répondre aux préoccupations de nos habitants qui rejoignent les grands enjeux sociaux, économiques et environnementaux.

Elle est née pour croiser les compétences et faire en sorte que les plus fragiles, souvent les plus fragiles, trouvent aussi des réponses en matière d’emploi, d’insertion, vous l’avez évoqué tout à l’heure, monsieur le Président, d’éducation, de situation de handicap, de vieillissement, de protection maternelle infantile, de protection de l’enfance.

Elle est née pour que son dynamisme économique s’amplifie, pour que les entreprises présentes et à venir répondent aux questions d’insertion et d’emploi avant même de répondre à des questions d’attractivité.

Elle est née pour que ce dynamisme nous permette de financer une politique, par exemple de logement, mais aussi une politique sociale ambitieuse, une politique de solidarité territoriale sans faire peser cette charge de manière lourde sur les ménages, mais plutôt sur la fiscalité, produit de ce dynamisme économique. C’est là aussi que réside l’originalité de cette Métropole.

Alors, monsieur le Président, mesdames et messieurs les Maires, ne cassons pas cet outil précieux pour nos populations car ce qu’elles attendent, ce sont des réponses concrètes dans une sortie de crise sanitaire, Pierre-Alain Millet l’a dit tout à l’heure, dont nous ne mesurons pas tous les effets.

Alors, monsieur le Président, cela a été dit par Marc Grivel, acceptez non pas simplement de laisser votre porte entrouverte aux Maires, mais allez pousser la leur pour les écouter, les associer, les faire participer à l’ensemble des politiques publiques.

Vous avez, par exemple, commencé à nous entendre et à les entendre sur la ZFE, même si tout reste à faire comme, par exemple, une vraie concertation publique qui ne peut se résumer à trois visios, je crois, organisées par monsieur Kohlhaas qui ont rassemblé, pour la première, une petite centaine de personnes. Il faut aller plus loin sans doute.

Mesdames et messieurs les Maires, ne vous laissez pas emporter par celles et ceux qui pensent que seuls les combats législatifs feront naître une solution.

Ne vous laissez pas emporter par des slogans ravageurs comme la grève des permis de construire, même si Madame Vessiller, elle m’en excusera, mais c’est un classique avec elle, est toujours plus prompte à demander des concertations sur tous les sujets, exceptés les siens. Le PLU-H en est la triste expression et Michel Le Faou qui, vous le permettrez monsieur le Président, complétera mon intervention, en donnera sans doute un éclairage.

La situation de notre Métropole et de ses habitants ne peut pas supporter ce combat et l’immobilisme qui en découlerait. Nous avons une responsabilité collective, majorité et opposition, à surmonter ce conflit.

Des outils sont à notre disposition pour amortir les effets négatifs de la loi. Le Président peut s’engager à revoir et améliorer son dialogue avec les Maires, vous l’avez esquissé, monsieur le Président, dans votre discours introductif. Les Maires peuvent s’engager à prendre leur part dans toutes les politiques publiques, le logement, les déplacements, l’insertion.

Marc Grivel avait fait, dans son rapport, quelques propositions concrètes. Je me réjouis que vous ayez demandé à Hélène Geoffroy, non pas de s’inspirer de ce rapport, mais de ne pas partir de cette page blanche puisqu’il y a 21 propositions, certaines d’ailleurs ne demandent pas beaucoup d’efforts si ce n’est quelques modifications du règlement intérieur, même si je sais que, quand on commence à discuter du règlement intérieur, c’est toujours un peu compliqué mais, en tous cas, on peut, avec un certain nombre de propositions de Marc Grivel, avancer sur ce sujet.

Je crois qu’il n’est plus temps de renvoyer dos à dos les protagonistes de ce combat, mais de se mettre autour de la table dans l’intérêt général. Personne n’aura à rougir de faire un pas vers l’autre. Et vous l’avez dit, il y a la déclaration d’amour, vous l’avez dit tout à l’heure, vous l’avez esquissé en quelque sorte dans votre propos introductif, et puis il y a les preuves. Alors, c’est vrai qu’avec votre intervention, moi je vous donne crédit de la déclaration. Pour les preuves, j’attendrai sans aucun doute, avec mes collègues, le prochain rendez-vous.

Je vous remercie de votre attention et, si vous le permettez, de passer la parole à Michel Le Faou qui complètera mon intervention.

Merci beaucoup.