Michel Le Faou

Monsieur le Président,

Mes chers collègues,

Nous voulons profiter de cette délibération pour évoquer votre gouvernance des projets d’aménagements cyclables et d’espaces publics déployés sur la Métropole.

Le déploiement de l’usage du vélo est un fait et que certains de nos espaces publics doivent s’adapter à cette mobilité décarbonée est une nécessité.

Mais là encore comme avec bien d’autres sujets, vous confondez vitesse et précipitation. Nous ne remettons pas en cause le principe d’aménagements cyclables, nous tous au sein de cette assemblée avions dans nos programmes prévus des aménagements pour le vélo et les mobilités douces. Ces aménagements ne sont pas non plus l’apanage de votre majorité, ils avaient démarré sous les mandatures précédentes et bien d’autres agglomérations françaises portent des projets similaires.

Mais là ou vous vous démarquez réellement des autres agglomérations, c’est sur le niveau de contestation que vous savez générer, vous êtes le modèle du genre en France.

L’exemple de la délibération présentée pour la Grande Rue de la Guillotière est très caractéristique, il y a juste un mot qui la rattache à l’aménagement projeté de l’autre côté du pont ferroviaire en continuité, à savoir l’aménagement de l’Avenue des Frères Lumières.  5 millions d’un côté, 3 millions de l’autre sans mise en perspective globale des projets, soit tout de même 8 millions engloutis sur un linéaire de 1600 mètres.

A ce prix-là, on ose espérer que la qualité des espaces publics sera au rendez-vous.

Vous avez, comme toujours, cet attachement à saucissonner les sujets, à ne pas savoir les mettre en perspective, à vouloir traiter par petits bouts ces sujets pour aller vite, pour échapper aux nécessaires études d’impact qu’il faudrait mener pour mesurer l’efficience de cette politique menée à la va-vite.

En effet, si je prends l’exemple de l’avenue des Frères Lumière, vous êtes allés vite, vite et sans réelle concertation, vite dans une communication sur papier glacé avec notamment de beaux arbres sur les visuels ayant atteint leur maturité de croissance, ce qui sera une réalité, mais seulement en 2060, et pas avant ! D’ici là, on peut craindre de graves conséquences pour l’activité commerciale de l’avenue, notamment durant et après les travaux.

Par contre, dans ce document distribué aux habitants, pas un mot sur les futurs sens de circulations du quartier.

D’ailleurs dans les verbatim du Président, du Vice-Président, du Maire de Lyon et du Maire d’Arrondissement, le mot voiture n’y figure nullement. C’est comme si elles avaient disparu par enchantement.

Votre absence de communication aux habitants sur les reports de flux de circulation à l’échelle, et pas uniquement du quartier, mais plus largement à l’interface de trois arrondissements (3ème, 7ème et 8ème) est un modèle du genre.

Le projet a été présenté à la presse le 30 juin, nous sommes fin septembre et nous n’avons toujours aucune date pour la présentation, non pas en petit comité, mais au grand public des aménagements des sens de circulation afin de permettre le fonctionnement correct du projet de vélorue avec contre sens cyclable retenu pour l’avenue des Frères Lumière.

L’avenue supporte aujourd’hui 7000 à 7500 véhicules/ jours, or il vous faut atteindre 1500 véhicules/ jour suivant les experts du CEREMA pour que l’aménagement soit sécure pour les usagers.

Pour atteindre ce résultat, vous êtes dans l’obligation de dévier les flux sur des voiries adjacentes au gabarit inadapté pour un surcroit de circulation, qui pour certaines sont déjà fortement encombrées, et mettre en œuvre, si j’en crois ce qui m’a pu être rapporté, un schéma de circulation pour le moins alambiqué, complexifiant notamment l’accès aux hôpitaux Est depuis le 7ème.

Il est vrai que vous nous proposez la même chose sur Rockfeller depuis Bron en direction de l’hôpital Edouard Herriot.

Complexifier l’accès aux Hôpitaux et notamment aux services d’urgences, est devenu une de vos spécialités.

Votre Vice-Président à la voirie va surement nous rétorquer qu’il compte sur l’évaporation de la circulation pour arriver à ce résultat. Certes, c’est une réalité. La circulation diminue chaque année. Mais même en comptant sur des hypothèses optimistes de réduction de façon continue de 10 pour cent dans le temps, il ne faudra pas moins de quinze ans pour arriver à 1500 véhicules passant sur l’avenue et surtout pour faire en sorte que les habitants des rues adjacentes n’aient plus à supporter les dégâts collatéraux de vos décisions.

En 2026 vous pourrez leur promettre qu’en 2040 tout ira mieux et que cela sera derrière eux !

Mais durant quinze ans, ils vont devoir supporter un surcroit de circulation, et surtout un surcroit de pollution. En faisant le choix de ne mener aucune étude globale d’impact, et de n’avoir aucune communication sérieuse et globale sur ce projet, cela renforce l’incompréhension des riverains devant subir ces désagréments.

Monsieur le Président, à trop vouloir confondre vitesse et précipitation, l’immaturité de la mise en œuvre de vos projets laisse au final planer un gros doute sur l’efficience réelle de votre politique.  Mr Le Président, mers chers collègues, je vous remercie.