Monsieur le Président, Mes chers collègues,
Le sujet de l’apaisement du centre-ville de Lyon est l’un des grands défis de ce mandat. Qui pourrait en effet s’opposer sur cet objectif louable, à une expérimentation et à de la concertation ? Nous voulons être clair, nous ne sommes pas de ceux-là, et nous voterons pour ce rapport, bien que nous n’ayons formulé de nombreuses remarques en commission, face à vos imprécisions, mais il s’agit d’un projet que nous avions initié en fin de mandat précédent sous la forme d’une expérimentation.
Nous souhaitons que la qualité de vie au cœur de la Presqu’ile soit préservée, améliorée et apaisée au profit de l’ensemble de nos concitoyens et des acteurs économiques, qui animent le principal poumon commercial de notre métropole.
Mais le projet qui nous est présenté aujourd’hui ne nous parait pas à la hauteur de l’enjeu.
Cette présentation manque en effet de beaucoup de détails.
Certes, on nous parle de végétalisation, d’une meilleure desserte logistique ou encore de favoriser de l’usage des transports en commun, mais aucun objectif précis et concret ne nous est présenté et énoncé. Ni encore moins les moyens qui pourraient être mobilisés pour concourir à tout cela
Ce que l’on comprend à minima, c’est qu’il y aura moins de place pour la voiture et plus de place pour les modes actifs et transports en commun. Mais comment cela va-t-il se mettre en place ?
Personne ne le sait et vous êtes bien incapable Monsieur le Président d’en dessiner les contours, c’est symbolique de votre absence de vision systémique de l’avenir de la Métropole.
Alors que la concertation doit se tenir entre juin et octobre 2022, nous avons encore du mal à comprendre sur quels éléments tangibles les citoyens vont pouvoir s’exprimer.
Par ailleurs, nous notons que le cout de cette concertation s’élève déjà à 1M€, et que nous ne savons rien du montant de la PPI qui est affecté à ce projet. Remarquez puisque de votre propre aveu à la CADA, ce document de programmation budgétaire n’existe pas, plus rien ne nous surprend…
Néanmoins Il y a quelques points qui nous paraissent nécessaires à prendre en compte dans la réalisation de ce projet.
Tout d’abord, l’aspect sécurité n’est pas du tout abordé. Il est vrai que cela est toujours un sujet tabou au sein de votre majorité. Je dirais même que c’est l’angle mort de votre politique ! Un vrai travail sur la sécurité et des moyens anti-rodéos pourrait permettre une meilleure mise en œuvre de l’expérimentation. Lorsque nous avions lancé la première expérience dans ce domaine en 2019, il existait un scénario pour continuer les expérimentations et en même temps pour empêcher les rodéos les rodéos en bornant la Presqu’ile. Nous avions prévus une inscription à la PPI pour réaliser ce bornage, on ne sait à ce jour s’il sera mis en œuvre.
Nous avons collectivement accumulé des éléments d’expérience par le passé et nous sommes surpris que vous n’utilisiez pas le fruit des expérimentations précédentes pour construire un projet cohérent.
Par ailleurs, de par l’ampleur de l’expérimentation et du territoire visé, en partant de la Place Carnot jusqu’aux confins du 1er arrondissement sur les Pentes de la Croix Rousse, il nous parait essentiel de garantir un minimum d’accès aux véhicules car le territoire concerné reste pour partie vallonné, je pense notamment aux pentes de la Croix Rousse. Remettre la voiture à sa juste place, oui, mais la supprimer purement et simplement serait une grave erreur. Mais là encore, nous ne savons rien de vos intentions, et comme d’habitude, vous avancez bien masqué.
Enfin, aucun calendrier n’est esquissé, ce qui nous laisse penser que ce projet, pourtant structurant pour l’agglomération et la ville de Lyon, ne sortira pas de terre avant un bon bout de temps. Pourquoi donc, monsieur le président, avoir attendu si longtemps pour lancer cette concertation ? Cela fait tout de même maintenant 620 jours que vous exercez votre magistère.
Et n’en déplaise à votre collègue Grégory Doucet qui voulait être le maire des piétons, à ce rythme-là, il sera surtout le maire du piétinement !
Ce grand projet de piétonisation ne se fera pas dans le mandat. Comme toujours avec votre majorité, les priorités ne sont pas mises au bon endroit. Il nous semble que certains secteurs de Lyon, comme celui de la Guilliotière par exemple, constituent plus une urgence que ceux envisagés actuellement.
Il en est de même pour le projet concernant la rive droite du Rhône qui est mentionné sur la cartographie du projet, cela ne se fera pas non plus dans ce mandat. Or cette question mérite même d’être poussée beaucoup plus en avant. L’autre rive du Rhône et celles de la Saône, étant hors du périmètre de cette zone apaisée, seront forcément très impactées notamment en termes de déplacements mais pas que ! Et aucune étude d’impact ne nous est pourtant proposée, ni n’est même encore mentionnée.
Tout cela illustre vos imprécisions et votre impréparation à la conduite de ce projet, mais d’une manière plus large à celle de la PPI. J’en veux pour preuve l’inexistence de celle-ci, la CADA à la demande notre collègue Louis PEALEZ, l’a bien démontré.
On peut donc se demander comment se pilote la programmation budgétaire des investissements notre collectivité. J’en veux pour preuve un autre exemple qui je suis, celui de l’aménagement de l’avenue des Frères Lumière sur Lyon 8ème, selon les élus du huitième qui s’expriment sur le sujet en direction des habitants ou des associations, on obtient des montants différents, certains disent 3 millions d’euros en travaux de voirie et 600 000 € en végétalisation, d’autres 5 millions d’euros pour la voirie et 840000 € en végétalisation.
Si votre degré de précision pour chaque projet est à quasiment 2,5 millions d’euros prêt, c’est très inquiétant pour notre collectivité.
A ce titre, nous demandons à ce que le comité de pilotage de la PPI, tel qu’il existait sous la précédente mandature soit ré-institué, cela permettrait à tous les groupes politiques d’avoir plus de précisions sur le déroulé de l’exécution de cette PPI. Cela vous permettra aussi et enfin d’en préciser la programmation et de sortir du flou dans lequel vous nous avez plongé depuis 620 jours.
Pour terminer cette intervention et puisque je faisais le lien avec l’avenue des frères lumière et que le 19 mars prochain (soit dans 5 jours), on célèbrera à nouveau le tournage du premier film, permettez-moi Monsieur le Président d’utiliser une métaphore cinématographique pour illustrer votre méthode et le film que vous souhaitez nous projeter.
Sous la mandature précédente, nous avions mis certes 446 jours à écrire le scénario mais avec au milieu de cette écriture l’acte fondateur qu’était la création de la métropole. Ne l’oubliez pas Monsieur le Président !
Ce scénario était très détaillé, connu de tous et approuvé à une large majorité. Nous l’avions établi avec méthode et en concertation avec tous les Maires. Cela avait permis la réalisation de nombreux et beaux projets.
Sous ce mandat, vous vous êtes glorifiés de vouloir produire un scénario d’une bien meilleure qualité, de l’avoir produit en un temps ultra-record, une PPI votée le 25 janvier 2021, un scénario certes écrit en 207 jours mais très imprécis, écrit à la va-vite entre vous, et sans concertation avec les principaux acteurs que sont les maires.
Scénario illisible disions-nous à l’époque et inexistant nous dit aujourd’hui la CADA.
Au final, Monsieur le Président, vous auriez pu dans la ville des Frères Lumière vous permettre la production d’une belle œuvre, mais face à l’imprécision de votre scénario, voir son inexistence et à la mauvaise qualité de sa réalisation, je crains malheureusement cela se termine en une mauvaise série B donnée à voir à nos concitoyens.
Mais nous ne doutons pas qu’ils voudront rapidement oublier tout cela !
Je vous remercie.
Michel Le Faou