Madame la Présidente,
chers collègues,
dans la continuité du propos exprimé par notre collègue, Myriam Picot, je souhaite vous faire part de mes interrogations quant aux informations transmises sur les collèges, avec beaucoup de parcimonie.
Je ne suis pas Maire mais simple Conseillère métropolitaine et je dois avouer, à mon tour, que votre gouvernance m’inquiète. Toujours pas d’invitation à la conférence annuelle territoriale de ma circonscription, le seul espace d’informations est la commission thématique éducation, culture dans laquelle je siège et où, à part la présentation de la stratégie de la politique culturelle 2021-2026 par monsieur Van Styvendael et la sollicitation bienveillante de monsieur Marion, pour proposer des sujets de débats, rien en matière d’éducation, aucune information, le silence est de mise.
La dernière commission frisait même le mépris. Le matin, la presse était invitée à découvrir le dernier schéma directeur des collèges et, en commission, aucune présentation, seulement quelques mots succincts sur les investissements prévus, juste pour les cinq prochaines années. Aucun document, si madame Nachury n’en avait pas fait la demande, je crains que nous n’ayons rien eu. Pas de schéma directeur, seul le document destiné à la presse nous a été envoyé et là, je dois dire que j’ai cru reconnaître un dépliant digne d’un promoteur immobilier ou d’un centre de bien-être, un modèle du genre. Le vocabulaire parle de lui-même : le mot épanouissement est à toutes les pages, mais aussi apaisement, sérénité et, bien sûr, végétalisation, bio. Bref, comme si des bâtiments, à eux seuls, même HQE (haute qualité environnementale) suffisaient à apporter le cadre sécurité nécessaire à l’enseignement et aux apprentissages.
Mais là, ces mots sont si rarement employés que je m’interroge parce que dans les collèges, il y a, vous le savez sans doute, des enseignants, nos agents et surtout des élèves. J’emploie ce mot à dessein car ce sont d’abord des élèves, âgés de 11 à 16 ans, des jeunes en pleine adolescence, venus apprendre, se construire, devenir citoyens de demain, citoyens mais la citoyenneté, où est-elle ? Ah, oui, bien évidemment, accolée à écologie mais avant de devenir éco citoyen, il faut d’abord apprendre à devenir citoyen, voire, en même temps, si j’ose dire, mais dans le cadre institutionnel où les valeurs républicaines et laïques s’apprennent, se vivent et prennent sens.
Alors oui, la Métropole de Lyon ne peut se limiter à la construction de bâtiments vertueux et d’espaces végétalisés. La Métropole doit accompagner, co-construire avec les équipes des collèges des projets citoyens, culturels, sportifs pour donner du sens aux apprentissages dans un cadre réellement sécurisé, pas seulement en aménageant les abords mais en participant à la formation des esprits.
Mens sana, in corpore sano : Un esprit sain dans un corps sain.
Je crois sincèrement que la réalité nous oblige à agir dans cette voie et le dernier conseil d’administration auquel j’ai assisté avec monsieur Bub renforce mes inquiétudes : 10 conseils de discipline l’an dernier, le nombre a doublé et les motifs sont trop souvent les mêmes : violences verbales, physiques causées par des garçons et des filles.
Il faut donc agir vite, poursuivre les débats citoyens avec l’Académie de Lyon, les associations comme la Licra, renforcer le Conseil métropolitain des jeunes, le Comet’ jeunes, pour sans cesse remettre l’ouvrage sur le métier sur des sujets lourds comme le harcèlement, les discriminations, les addictions diverses et numériques.
Il faudrait aussi être plus novateur et oser expérimenter de nouveaux types d’établissements de taille plus humaines, de petites structures rassurantes, sur les territoires en difficultés scolaires et, comme le Maire socialiste de Marseille, ouvrir des micro-collèges, plus aptes à accompagner les élèves les plus fragiles pour lutter contre le décrochage scolaire.
Les réalités sont bien différentes d’un territoire à l’autre et je vous invite, toutes et tous, à la réflexion pour que les réponses apportées soient les mieux adaptées aux réels besoins des collégiens de toute la Métropole.
Quant à la délibération, nous la voterons, bien sûr, puisque malgré vos dires, madame Moreira, elle n’est que la poursuite du travail engagé par David Kimelfeld.
Je vous remercie.