Ce qui se passe à la Guillotière n’est pas nouveau. Mais depuis la fin du confinement les tensions se sont aggravées et le sentiment d’insécurité, mais aussi de colère, des usagers et des riverains est à un niveau jamais atteint. Ce que vivent les habitants est intolérable. L’insécurité, l’incivilité mais aussi la saleté, une occupation illégale et anxiogène de l’espace public.  

Les forces de police mobilisées par le préfet pour renforcer les polices nationales et municipales sur place ont momentanément apaisé la situation. Cette présence policière massive et quotidienne offre un peu de répit à la place. Mais comme le dit souvent le Maire de Lyon et comme vous aimez à le répéter la police n’est pas LA solution.

Bien qu’aujourd’hui cependant vous reconnaissiez son pouvoir déterminant dans la régulation de la sécurité sur le secteur, elle ne peut être la solution à long terme et il est urgent désormais de porter un projet fort sur le quartier. Un projet qui conjugue, prévention, médiation, répression et bien sûr aménagement urbain.

Dans cette perspective, la Métropole a un rôle central à jouer. Car contrairement à ce que vous avez l’habitude de répéter, l’ensemble des compétences qu’elle centralise lui permet pleinement d’agir pour améliorer la sécurité des grands lyonnais et des grands lyonnaises.

Au lieu de rejeter la faute sur l’État qui ne ferait pas son travail, ou les collectifs d’habitants qui ne seraient que des opposants instrumentalisés, je vous invite Monsieur le président à endosser ce rôle de chef d’orchestre qui vous incombe dans l’ensemble des politiques qui doivent être menés sur le secteur.

La place Gabriel Péri est historique. Place centrale de ce quartier de l’autre côté du pont, face à la Ville, lieu de regroupement des populations issues des différentes vagues d’immigration, d’abord du milieu rural, puis d’Europe, puis de plus loin et notamment du Maghreb. 

Devenue la place des hommes debout, des actions pour endiguer ces regroupements avaient été mises en place dans les années 80/90 à l’exemple de banc d’une place et demi et surtout la création du Clip. Cet immense bâtiment devait marquer l’entrée de l’axe Moncey reliant Lyon à Villeurbanne après démolition de tout le quartier compris entre le cours de la Liberté, la rue Paul Bert et jusqu’à l’avenue de Saxe. 

Après une mobilisation légitime des habitants, d’acteurs locaux et de certains politiques, et notamment d’Anne Marie Comparini et de Martine Roure, Raymond Barre décide d’annuler la démolition totale des faubourgs et seul l’îlot Saint Jacques fait l’objet d’une requalification avec la création de la place Bahadourian et l’implantation du commissariat.

Le Clip qui devait marquer l’entrée d’un axe reliant le centre ville à Villeurbanne devenait de fait une frontière, un rempart, isolant le quartier du reste de la villeEt l’occupation des places Gabriel Péri et Ballanche (arrière du Clip) de plus en plus critiquables.

En 2018, nous avions demandé une étude du cabinet Suretis qui définissait 3 axes pour amélioration de la sécurité sur la place.

–     la vidéo verbalisation

–     le réaménagement des transports en commun

–     la démolition tout ou partie du clip

Nous avons mise en œuvre une expérimentation de vidéo verbalisation que vous avez poursuivie.

Avec Myriam Picot, nous avons rencontré les collectifs d’habitants à maintes reprises. Avec le conseil citoyen et les conseils de quartiers nous avons commencé un travail de réflexion sur le devenir de la place. Et, avec les services de la Métropole, Michel Le Faou, nous avions travaillé sur les différents scénarii d’aménagement.

Ne niez pas l’histoire, ni les actions déjà conduites dans ce secteur, ni les projets que d’autres avaient élaborés et qui ne sont peut-être pas totalement idiots. La question de l’ouverture de la place est plus que jamais cruciale.

Malheureusement, nous craignons à la lecture du projet d’aménagement que vous nous présentez ici, qu’en ce qui concerne l’urbanisme, vous n’ayez pas réellement pris la mesure de la tâche.

Pour améliorer le cadre de vie sur la place, vous nous proposé un projet aux contours flous qui prévoit

·     De conforter les arbres existants c’est-à-dire ne rien faire

·     De Compléter la trame végétale existante en fonction des capacités du sous-sol. Tout est dit je vous rappelle que la place est majoritairement construite sur des parkings et le métro donc j’ai peur que nous n’ayons doit qu’à quelques buissons en pot. Cela fera de belles poubelles

·     De Supprimer le mobilier urbain gênant, soit mais lequel je vous rappelle que cela a déjà été fait dans les années 80

·     Et enfin de diversifier les usages : je ne ferai pas de mauvais esprit ici sur le projet de marché brocante présenté par le Maire de Lyon et la Maire du 7e. J’aimerais par contre que nous puissions effectivement avoir des retours sur le droit de préemption que nous avons étudié et que vous avez pu mettre en place sur le secteur. 

Car la solution, si nous voulons véritablement agir à long terme pour la sécurité et l’apaisement du quartier nous la connaissons tous. 

Il faut se donner les moyens d’une transformation profonde du quartier. Il faut démolir tout ou partie de ce Clip qui s’érige aujourd’hui en muraille pour ré-ouvrir le quartier sur la ville.

Récemment Monsieur le président, vous nous avez annoncé avec le maire de Lyon, un projet à 100 millions d’euros pour la rive droite du Rhône. On nous annonce plus de 8 M€ de coût pour la création de la régie de l’eau. Comme vous avez l’habitude de la dire, ce sont des choix politiques que vous assumez. Et bien nous constatons que pour la Guillotière vous avez fait le choix du moindre coût sans la moindre protestation du maire de Lyon ni de ses maires d’arrondissement.

Or, Les lyonnais et les lyonnaises attendent du Maire de Lyon non pas qu’il accepte toutes décisions du président de la métropole ou dictées par solidarité de parti, mais la prise en compte de leurs préoccupations. 

Ce ne sont pas quelques arbres en remplacement des forces de police sur la place qui règleront le problème des zones aveugles de la place Ballanche et de la rue Paul Bert et c’est pourquoi nous voteront contre ce rapport aux contours particulièrement flous.