Conseil de la Métropole du 26 juin 2023
Monsieur le Président,
Mes chers collègues,
Pour démarrer ce conseil de mi-mandat dans la bonne humeur, et avec de la tendresse comme l’évoque si souvent David Kimelfeld, nous aurions pu évoquer de multiples sujets pour marquer ce mi-mandat, pour illustrer vos incohérences dans la conduite de notre institution, de vos difficultés à trouver le bon réglage au bout de trois ans d’exercice sur de nombreux sujets, de vos difficultés à travailler en réseau et en partenariat avec l’Etat, la Région et les Communes, des contradictions idéologiques et la démagogie qui animent en permanence votre majorité sur l’équilibre à trouver entre la fin du monde et la fin du mois.
Nous aurions pu évoquer tout cela durant cette intervention préalable, mais rassurez-vous Monsieur le Président, mes collègues y reviendront durant le conseil et vous ne serez pas déçu de la séance.
Non, pour cette intervention préalable, nous avons fait le choix de revenir sur le sujet qui préoccupe d’un grand nombre de concitoyens au quotidien, celui de l’accès au logement.
Lors de ma précédente intervention lors du Conseil Métropolitain du 27 mars, j’avais saisi l’occasion de la délibération relative à la Modification N°4 du PLU-H pour vous alerter sur le sujet. Nous profitons de cette entame de séance pour le refaire à nouveau !
Nous entendons tous dans nos entourages, les difficultés rencontrées et relatées pour accéder à un logement et ce indépendamment de la situation de chacun.
Certes, dans une posture purement politicienne nous pourrions nous en satisfaire, car cela nous servira d’argument massue servi sur plateau, symbolisant l’échec patent de vos promesses non tenues sur le sujet.
Mais la situation est trop grave pour s’arrêter à ce genre de posture !
Après presque trois ans d’exercice du pourvoir, vous êtes dorénavant confrontés à vos responsabilités sur les actes engagés et vouloir à tout prix reporter la faute sur vos prédécesseurs, cela ne marche plus !
Donc maintenant, et depuis quelques temps, votre fautif, c’est l’Etat.
Certes il n’est pas exempt de reproche en la matière !
L’Etat oublie trop souvent que le logement est un pourvoyeur net de recettes fiscales, d’emploi, d’innovations et mériterait un meilleur traitement.
Certes certaines dispositions prises, notamment au travers de la loi ELAN ont permis de bonnes choses comme la finalisation du BRS, lancé mais non finalisé par la loi ALLUR.
La démarche initiée autour du CNR Logement était intéressante. On attendait des arbitrages forts, mais nous n’avons eu droit à cinq mesures, là ou en attendait plus. Ce qui façonne nos territoires, nos villes, notre vie quotidienne ne bénéficie pas de toute l’attention nécessaire.
Mais, monsieur le Président, vous vous en doutez bien, mon propos ne concernera pas uniquement l’Etat et donc revenons-en à ce qui relève de vos responsabilités.
Durant la campagne et en début de mandat, les objectifs étaient louables, mais avec la promesse inconsidérée de 6000 logements sociaux, transformée en 5000 logements sociaux et 1000 BRS votre majorité et vous-même êtes maintenant conscients de la bévue de la campagne électorale et du début du mandat sur ce sujet.
Mais on avait encore rien vu, le pire était à venir ! On ne peut pas oublier l’acquisition à vil prix de l’immeuble de la rue Bugeaud, acheté un peu plus de 13 m€ et revendu à moitié prix immédiatement après. Cet acte, réalisé en dépit du bon sens, laissait à penser qu’il n’y a pas d’Economie dans le logement.
Il serait d’ailleurs aujourd’hui intéressant, quasiment deux ans et demi après cette acquisition, que l’on connaisse le pourcentage de logements de cet immeuble réellement occupés par des personnes relevant des critères d’éligibilité au logement social. Dans cette opération, aucun logement n’a été créé. Vous avez juste voulu faire un marqueur idéologique, mais absolument sans effet pour répondre aux besoins.
Alors que l’immobilier rencontrait déjà des difficultés, vous avez ensuite lancé la modification N°3 du PLU-H. Une-quasi révision générale avec presque 1200 points revus, ce qui a suspendu nombreux projets en gestation, dans l’attente d’un droit des sols définitivement stabilisé.
Certes en matière de production ça n’a pas été une chute immédiate, car en début de mandat vous avez profité de la « queue de la comète » des projets que nous avions initiés.
Je n’oublie pas non plus l’encadrement des loyers, mesure qui peut paraître alléchante, mais surtout pleine d’illusions.
Notre problème est bien un problème d’offre disponible répondant à nos besoins démographiques et aux envies de nos concitoyens.
Poursuivons la démonstration avec la Saulaie par exemple.
Lors de mon intervention le 27 mars, je rappelais que vous ne manquiez jamais de nous faire la leçon sur ce sujet. La ZAC est créée depuis septembre 2017, l’aménageur désigné depuis janvier 2020, la mission de conception urbaine élargie lancée en juin 2020. Je m’attendais à ce que depuis mon alerte de mars dernier, on ait à délibérer sur le dossier de réalisation lors de ce conseil. Nous sommes fin juin 2023, et bien toujours rien !
Comment voulez-vous assurer la production de logement si le foncier sous maitrise métropolitaine n’est pas libéré et si vous-même ne donnez pas l’exemple ?
Autre exemple, Mermoz Sud, dont la convention de site de renouvellement urbain est signée depuis le 4 mars 2019. Le travail sur la conception des espaces publics était lancé dans la foulée, travail quasi finalisé en 2020. A votre arrivée, vous avez souhaité remettre tout cela à plat, donc acte !
Conférence de presse à Mermoz le 30 septembre 2022 en présence du Maire de Lyon annonçant le lancement des travaux, notamment les espaces publics tant attendus par les habitants qui n’y croyaient plus. Fin juin 2023, soit 9 mois suite aux annonces, quasiment rien n’a été engagé!
Le plus dommageable, pour les habitants de Mermoz Sud, ils voient leur environnement proche sur les rues périphériques se modifier mais pour eux il n’y a rien.
Pas de quartier périphérique avait pourtant clamé haut et fort le Maire de Lyon le 30 septembre dernier. Les habitants attendent toujours !
Des exemples de cette nature, j’en ai une liste bien longue.
Elle démontre surtout vos incohérences en la matière, vos incohérences entre le dire et le faire.
Beaucoup de choses sont dites, peu de choses sont faites, hormis des faux gestes ou des mesures idéologiques mais sans efficacité !
Alors me direz-vous, vous critiquez, mais que proposez-vous !
Ce que nous proposons c’est d’abord un changement de posture !
Les urgences, auxquelles sont confrontés nos concitoyens, sont majeures et il convient d’y apporter une réponse très forte à l’image de certains de vos collègues Présidents de Métropole.
On aurait pu s’attendre à ce que vous nous proposiez, vu la situation, la tenue d’une conférence métropolitaine sur le logement, ou encore un ensemble de mesures d’urgence.
Mais pour l’instant nous n’avons rien lu, ni entendu!
Nous proposons des actions pour un plan d’urgence d’accès au logement en utilisant une partie des 100 millions prévus sur la rive droite du Rhône à Lyon, qui trouveraient ainsi un meilleur usage à régler les problèmes de fin de mois que la fin du monde, qu’ils ne régleront absolument pas.
Mise en place d’une instance ad ’hoc sur l’urgence en matière tous les acteurs de l’habitat.
Faire un état des lieux exhaustif des points bloquants par territoire et par thématique, élaborer, proposer et financer des solutions concrètes de sortie. Accompagner et intéresser plus fortement les maires à la construction avec la création d’un bonus constructibilité à la PPI, notamment pour le renforcement des centralités des communes et les équipements publics. Vous proposez seulement 7,85 € par habitant. Poussez les curseurs plus loin pour ceux qui font de gros efforts.
Booster tous les projets portés par la Métropole et les communes ! Là où nous avons la main, il ne faut pas mollir ! La ville de Lyon est très caractéristique de cette indécision permanente à prendre des décisions et de fait retarde les projets, un exemple concret avec Champvert à Lyon 5è.
Il faut donner de la visibilité aux consultations en ZAC, accélérer la programmation des consultations pour créer un choc d’offre.
Libérer le foncier métropolitain non stratégique pour accélérer la production notamment en locatif libre intermédiaire en partenariat avec Action Logement et la CDC, qui bénéficient de financement. Cela soulagera la demande et servira de passerelle en sortie du logement social.
Accélérer la production du logement social et revoir les modalités de péréquation de financement en VEFA. Cette péréquation déstabilise le marché de l’accession en raison d’un trop grand déséquilibre et bloque des opérations. Nous proposons d’allouer des moyens supplémentaires aux OPH métropolitains via une dotation spéciale pour accompagner le recalage de cette péréquation.
Faire un focus sur le logement des jeunes, la rentrée sera très difficile pour eux et obligera probablement certains à réviser leur ambition d’études. Sortons des sentiers battus, nous avons devant nous quinze ans à passer avec un pic démographique estudiantin, n’hésitons pas à utiliser de solutions disruptives en la matière.
Pour Ecorenov, renforçons l’ingénierie et la dotation de moyens pour accélérer la rénovation énergétique, notamment pour les logements F&G avec un bonus de sortie doublé, un financement de l’AMO et des travaux renforcés.
Ce que l’on vous propose c’est une attitude offensive et une mobilisation de tous.
Monsieur le Président, vous qui êtes allé récemment à Montpellier pour voir comment vous pourriez participer au « détricotage » de la NUPES, vous auriez aussi pu profiter du voyage pour vous inspirer des dispositions spéciales de soutien et d’urgence d’un montant de 100 M€ qui seront soumises au conseil de la Métropole de Montpellier le 11 juillet prochain.
Cette politique de l’offre très offensive portée par Michael DELAFOSSE est complétée par un discours très positif sur l’acte de construire, sur ce qu’il apporte à nos concitoyens, sur l’architecture, sur le beau, sur la qualité de la ville, une ville belle, sure et propre pour tous !
Discours que je n’ai jamais entendu chez vous !
Si cette source d’inspiration ne vous convient pas, je peux vous proposer celle de Johanna Rolland à Nantes qui vient de réunir le Conseil Métropolitain jeudi dernier pour acter de mesures en urgence pour soutenir l’habitat dans la même veine qu’à Montpellier et avec une dotation très significative notamment en direction du logement social pour accélérer la production.
Si ça ne vous convient toujours pas, je peux vous proposer Jean-Luc Moudenc à Toulouse, qui vous expliquera comment il organise et urbanise le territoire de façon dynamique et offensive le long d’une ligne magistrale de métro de 27 km de long connectée à cinq gares et dotée de parking relais, soit par exemple l’équivalent de Craponne – Décines en métro en 40 min, ça fait réver! Un chantier de 3,4 Md€ qui vient de démarrer et qui sera achevé pour 2028-2029.
Monsieur le Président, ce qui réunit ces élus, ce n’est pas leur appartenance politique, elle est différente ! Ce qui les réunit, c’est le pragmatisme, c’est d’être du côté de la solution, de ne pas s’enferrer dans une vision dogmatique des choses, de répondre aux besoins, enfin et surtout de porter une vision de leur territoire.
Alors, Monsieur le Président, vous qui êtes Chef d’Entreprise et pragmatique par nature, portez la voix auprès de vos amis, pour leur faire prendre conscience que l’on ne peut construire, développer notre territoire, répondre aux besoins de nos concitoyens en usant de la démagogie!
Osez avancer et renverser la table, il est encore temps, car nos concitoyens n’en peuvent plus d’attendre !
- Mr Le Président, mers chers collègues, je vous remercie.