Guy Corazzol – Conseil des 27-28 mars 2023
Monsieur le Président,
Chers collègues,
Sur ce sujet, comme sur lest autres délibérations de voies lyonnaises, nous nous associons au groupe Synergie.
Le projet des voies lyonnaises est intéressant et structurant pour notre métropole. C’est l’une des diverses réponses à l’évolution des mobilités qui s’impose à nous.
Il y a une certaine attente de la part de nos concitoyens en ce qui concerne les infrastructures vélo, c’est indéniable.
Mais c’est justement pour cette raison que ce projet doit être pensé de manière globale, avec une vision précise de son intégration au paysage de notre métropole.
Aujourd’hui, force est de constater que cette vision vous fait défaut.
C’est d’autant plus surprenant que vous avez tendance à nous présenter ce projet des voies lyonnaises comme un projet de transport de masse, ce qui n’est pas tout à fait exact.
En même temps avec 282M€ prévus pour les voies lyonnaises sur ce seul mandat, il vous faut impérativement le vendre comme un nouveau moyen de transport, sinon comment justifier votre temps de retard sur le réseau de transport en commun.
Alors que ce projet devrait faire l’objet d’une concertation globale pour l’ensemble des grands lyonnais, afin de leur présenter clairement l’intérêt d’un tel réseau cyclable, vous vous contentez de concerter morceau par morceau.
Je ne remets pas en cause le besoin de concerter territorialement, afin que les habitants directement concernés puissent donner leur avis.
Mais là on en vient à un point où vous saucissonnez complètement les voies lyonnaises.
Ces concertations ne sont pas la bonne échelle étant donné l’ampleur du projet global et son impact sur la circulation de l’agglomération, le report des trafics, les problèmes que rencontreront sur certains secteurs les véhicules d’urgence, les conséquences pour de nombreux commerces et artisans,…
Il aurait fallu que la CNDP soit saisie sur un tel dossier dont les conséquences pour notre territoire sont majeures mais à n’en pas douter vous ne vouliez pas d’un organisme indépendant pour mener à bien un tel débat public, un comble pour des élus qui vantent depuis des lustres les qualités de la démocratie participative mais il est vrai que vous n’êtes pas à un paradoxe près.
Comme l’a évoqué David Kimelfeld précédemment, chaque voie fonctionne en silo, pensée le plus souvent indépendamment les unes des autres, mais également hors des autres modes de déplacements et notamment des transports en commun.
Votre dogme du vélo, on le voit, prime sur tous les autres modes de transport et même les Transports en commun destinés à tous nos concitoyens quel que soit leur âge, leur milieu social, leur lieu de vie dans l’agglomération, ce qui ne sera jamais le cas du vélo.
Aucune étude d’impact sur le report de trafic, que ce soit pour les voitures ou pour les transports en commun, et surtout les bus, qui sont eux aussi impactés par l’évolution de la voirie et des modes d’usages.
Nous sommes opposés à la mise en sens unique du quai du commerce dont le bilan de la concertation fait référence comme une étude ultérieure, à l’échelle d’un quai ce serait une aberration. Et là encore quid des transports en commun ?
Quels sont aujourd’hui les impacts estimés en termes de mobilité de manière globale ? Vous nous annoncez une évaporation de 30% du trafic automobile, à la limite pourquoi pas, mais quel est le report modal alors ? Combien pour le vélo, combien pour les bus, combien pour les métros ?
D’autant plus que ce projet de voies lyonnaises, puisqu’il maille une bonne partie du territoire métropolitain, doit nécessairement s’inscrire au sein de nombreux autres projets, et je pense ici notamment au projet d’apaisement de la Presqu’ile sur lequel David Kimelfeld s’est déjà exprimé.
Ce manque de vision d’ensemble, au-delà d’une méthode plus que douteuse lorsque l’on pilote un projet de cette ampleur sur un territoire regroupant 59 communes, c’est surtout un risque de mal faire, et de passer à côté des attentes réelles des habitants, des commerçants, et de manière générale, de tous ceux qui vivent et font vivre notre territoire.
Nous nous abstiendrons sur ce projet, non pas en désaccord avec l’objectif, mais bien avec la méthode, comme souvent malheureusement.