Seul le prononcé fait foi
Monsieur le Président,
Chers collègues,
Quelques mots au sujet de cette délibération qui vient apporter des réponses à cette crise sanitaire, économique et sociale que nous affrontons.
Cette crise à laquelle l’Europe, la France et nos territoires font face invite, comme durant la 1ère vague d’ailleurs, à l’humilité, à la responsabilité et au travail collectif, dépassant, autant que l’on peut, les intérêts partisans.
C’est dans cet esprit que lors du dernier Conseil de la Métropole, dans le cadre d’une lettre ouverte dont vous avez pris connaissance et dans une rencontre , nous vous avons invités à prendre un certain nombre de mesures d’urgence et à remettre en place des instances de concertation avec les acteurs du territoire.
L’enjeu, quel est-il ?
Comme pour la 1ère vague, c’est celui de faire de cette collectivité un moteur de la gestion de crise et de la coopération.
C’est donner l’image d’une Métropole qui coordonne, qui initie, qui protège.
Avec cette délibération et les dernières mesures prises, nous semblons aller sur la bonne voie, même si certains enjeux méritent d’être traités de manière plus approfondie.
Comme nous l’avions proposé il y a maintenant plus d’un mois, des instances de concertation sont à nouveau en place avec les acteurs économiques et associatifs et permettent, nous l’espérons à défaut de pouvoir y assister, de produire des réponses rapides.
Nous vous proposions dans cette lettre ouverte de réintroduire des aides exceptionnelles à des associations agissant auprès des plus vulnérables durant la période de confinement : avec une enveloppe globale de 726 000€, vous vous y engagez, et nous nous en félicitons.
Il fallait des réponses pour répondre à l’urgence sociale, médico-sociale et même alimentaire, puisque les problèmes que nous avons connus durant la 1ère vague n’ont fait que s’accentuer au fil des mois.
La pauvreté s’accroît : certains pensent que nous dépasserons les 10 millions de Français pauvres dans notre pays d’ici à la fin de l’année. 1 Français sur 6.
Dans la Métropole de Lyon, c’est une augmentation de 10% du nombre de bénéficiaires du RSA à laquelle nous faisons face.
Les collectivités locales, comme l’État, doivent réagir.
À ce titre, nous appelons aussi le Gouvernement à prendre en charge les surcoûts de dépenses sociales et à s’engager, plus largement, sur les surcoûts covid pour les collectivités territoriales.
La relance si relance il y a, passera notamment par la capacité des collectivités à pouvoir continuer à investir fortement, mais aussi à dégager des marges de manœuvre en fonctionnement car répondre notamment à la crise sociale ne peut se faire qu’avec plus de femmes et d’hommes auprès des plus fragiles.
Nous avions soumis l’idée de mobiliser notre patrimoine métropolitain ainsi que les locaux de la Métropole pour permettre un renforcement des espaces de dépistage, de lieux de « click & collect » pour certains commerçants et pour agir auprès des plus vulnérables : vous avez opté pour la dernière option, notamment en mettant en place des lieux d’hébergement temporaire et des lieux de distribution avec des associations-partenaires de la Métropole, et nous le saluons.
Nous maintenons néanmoins la proposition de mobiliser nos bâtiments pour réaliser davantage de tests et faire connaître, par ce biais, les bâtiments de la collectivité.
En matière éducative, avec ce soutien à Emmaüs Connect, vous contribuez, comme nous l’avions fait, à la résorption de la fracture numérique qui se créé dès le plus jeune âge et qui s’accentue avec le confinement.
Sur le plan économique, l’accompagnement des secteurs les plus impactés, à savoir le secteur touristique, de l’hôtellerie, le secteur culturel, nos commerçants de proximité, prend forme et méritera sans doute des mesures complémentaires dans les semaines à venir, mais est déjà une bonne première réponse.
Nous regrettons notamment votre choix de ne pas utiliser davantage le levier des aides directes, tout à fait possible en partenariat avec la Région.
Mais l’accompagnement des commerces vers la digitalisation de leur activité, de même que le renforcement du soutien aux managers de centre-ville, auront un impact de court- et de moyen-terme qui nous semble tout à fait pertinent.
De même, la réactivation des exonérations de loyers professionnels pour celles et ceux qui occupent des locaux du patrimoine métropolitain ou du patrimoine des organismes externes est une bonne chose : nous savons que, par ce biais, c’est le tissu économique local que nous favorisons.
Merci, M. Le Président, de veiller personnellement à ce qu’aucun organisme ne traîne les pieds. Notre SEM patrimoniale devrait donner le tempo…
La mobilisation des bailleurs privés est aussi un levier important, bien que complexe à activer.
Sur la question de l’hébergement et du logement : vous visez essentiellement les plus précaires, notamment en repartant du plan « zéro remise à la rue » que nous avions lancé avec le Préfet.
Cependant, il nous faut ne pas oublier les Grands-Lyonnais qui vivent dans le parc privé de logement et connaissent aussi de graves difficultés pour payer leurs loyers et charges.
Nous avions créé et fait adopter un fonds exceptionnel dédié aux impayés de loyers et charges en juin 2020…
… Il nous semblerait pertinent, non seulement que ce fonds fasse l’objet d’une meilleure communication, mais aussi, qu’il puisse faire l’objet d’une évaluation intermédiaire dont nous puissions prendre connaissance.
Au-delà, nous saluons l’usage du levier de l’urbanisme transitoire pour créer de l’hébergement temporaire, ainsi que le soutien à la mise en place de tiny houses, ce type de logement intercalaire qui permet d’insérer des publics par le logement et de sortir de l’hébergement d’urgence classique.
Tout était prêt, si je puis dire, puisque cela faisait partie des chantiers que nous avions étudiés et devions engager dans le cadre du plan Logement d’Abord, dont la Métropole de Lyon est partie prenante et même moteur comme territoire accélérateur depuis 2018.
S’agissant des transports, et notamment des transports en commun : le SYTRAL, dont vous avez aussi la présidence, a décidé une baisse homogène de la fréquence des transports en commun, alors que ce confinement est plus adapté que le 1er.
Il nous aurait semblé plus judicieux d’adapter l’offre à la réalité de la fréquentation des lignes, particulièrement les lignes de métro, et de faire une exception pour les lignes fortes menant vers nos hôpitaux.
Pour soutenir nos soignants, nous vous appelons à étudier cette possibilité.
Au-delà de cette 1ère vague et de l’action qui a été menée durant cette période, je reconnais dans cet ensemble de mesures les différentes orientations qui avaient été proposées par Georges Képénékian dans le cadre de son rapport sur le déconfinement et la relance et le rebond du territoire , et je m’en félicite et vous remercie d’avoir sans esprit partisan pris en compte ses propositions.
Un travail devra être mené sur la relance car la résilience seule, très en vogue dans les rangs d’une partie importante de votre majorité, ne pourra pas répondre aux questions de l’emploi en particulier pour les plus fragiles et les plus exclus.
Dans le même esprit , nous sommes à votre disposition pour contribuer à ce travail essentiel.
Parce que l’urgence est là, qu’une grande partie des enjeux actuels sont pris en compte avec ce pack de mesures, que les acteurs du territoire sont concertés et associés, notre groupe votera pour cette délibération et restera vigilant sur la mise en œuvre, voire le renforcement de ces outils dans les temps à venir.
Je vous remercie.