Monsieur le Président,
Chers collègues,
Cette désignation au comité de liaison européenne transalpine, dédié au Lyon-Turin, est l’occasion pour moi, monsieur le président, de vous éviter un exercice délicat.
Je me suis en effet inquiété pour vous et pour votre exécutif, en lisant dans cette délibération que vous devriez contribuer à « mener toute action de nature à faciliter ou à accélérer la réalisation » du Lyon-Turin en désignant un représentant à cet effet.
Connaissant les positions de votre parti et d’une partie de votre exécutif sur ce projet – bien que j’ai connu EELV favorable au Lyon-Turin il n’y a pas si longtemps que ça – par bienveillance, et pour vous éviter un exercice de schizophrénie inutile, je vous propose de soutenir ma candidature comme représentant au comité, de manière à défendre ardemment à votre place le projet de liaison mixte Lyon-Turin.
Et pourquoi faut-il le défendre ce projet ?
Premièrement, et vous le savez, parce qu’1/5ème du tunnel de base est déjà réalisé et qu’il est faux de dire que nous pourrons revenir sur le projet de tunnel transfrontalier. À l’horizon 2030, grâce à l’Europe, grâce à l’État, au plan France Relance, et aux collectivités territoriales partenaires, le tunnel de base sera prêt.
Aujourd’hui, nous sommes tournés vers le projet d’accès français au projet transfrontalier et, avec une contribution renforcée de l’Union Européenne dans le cadre du Green Deal, à hauteur de 50%, nous sommes sur de bons rails pour accélérer la construction de ces accès.
Deuxièmement, parce que ce projet mixte du Lyon-Turin, quand on le prend dans sa globalité (tunnel transfrontalier + accès français, pour les voyageurs et pour les marchandises) est un des plus beaux projets de transition écologique qu’Auvergne-Rhône-Alpes puisse mener dans les années à venir :
D’ailleurs, jusqu’en 2012, votre parti y souscrivait.
Aujourd’hui, 3 millions de poids lourds circulent entre la France et l’Italie. 8% des marchandises traversent les deux pays par le rail, 92% par la route. C’est colossal.
Nous avons l’opportunité unique, en mettant en œuvre ce projet, de reporter ces transferts de marchandises via le fret ferroviaire, de sortir des vallées du Sillon Alpin ces sources de pollution colossales pour les habitants de la région.
Vos amis écologistes en Suisse ont d’ailleurs largement soutenu les projets de tunnels transfrontaliers de ces dernières années, y voyant l’opportunité d’une grande avancée sur le plan écologique.
Nous parlons en moyenne de 3 millions de tonnes de CO2 par an qui pourraient être économisées si le report modal est efficace.
Nous savons que la liaison existante, désuète, n’est pas en capacité d’absorber les échanges de marchandises à venir, qui ne vont que croître.
Tout simplement parce qu’elle n’est déjà pas en capacité d’absorber les échanges actuels.
Il est faux de dire que la liaison actuelle peut permettre de faire traverser 150 trains par jour, et vous le savez.
Nous estimons qu’avec le Lyon-Turin, les échanges par le fret ferroviaire sur cet axe pourraient être multipliés par 4, au détriment du fret routier.
Depuis 2007, les normes de sécurité pour le fret ferroviaire ont changé : avec les normes actuelles, seuls une cinquantaine de trains par jour peuvent circuler sur la ligne existante.
À choisir entre une ligne ferroviaire mixte, voyageurs et marchandises, neuve, permettant de réduire le temps de trajets de 2h entre Lyon et Turin pour les voyageurs, de réduire les émissions de CO2 que subissent les habitants du Sillon Alpin à cause des poids lourds, d’améliorer les liaisons TER de l’ensemble de la région alpine, au départ de Lyon, et la rénovation d’une liaison existante qui ne répond plus aux besoins actuels, le choix est vite fait.
Le choix a d’ailleurs déjà été fait par les Français et les Rhônalpins : 90% d’entre eux sont favorables au projet du Lyon-Turin, selon une étude de septembre 2019, dont une majorité de sympathisants EELV.
Retenez-le peut-être pour la suite…
Je vous vois déjà m’indiquer qu’un rapport de la Cour des Comptes européenne publié cet été sur le Lyon-Turin s’est appuyé sur une étude d’un expert indépendant estimant que l’impact écologique des travaux en cours limiterait fortement l’impact bénéfique du projet sur le plan environnemental.
Quelle n’a pas été ma surprise d’apprendre, figurez-vous, que cette même étude avait en réalité été réalisée par un patron du lobby routier français, finalement assez peu indépendant.
Mais peut-être le savez-vous déjà.
La réalité, c’est qu’à travers ce projet structurant, la transition écologique sera bien enclenchée dans notre région, avec un report modal efficient des marchandises franco-italiennes vers le rail, et une incitation pour les voyageurs réguliers entre Lyon et Turin à prendre le train beaucoup plus attractive.
La réalité, c’est qu’avec le Lyon-Turin, la Métropole de Lyon remplira les objectifs qu’elle s’est fixée d’augmenter l’usage du train, à la fois pour les habitants et pour le transfert de marchandises, et qu’en soutenant ce projet, tout comme celui du contournement ferroviaire et du nœud ferroviaire lyonnais, elle améliorera pour les Grands Lyonnais et pour les Auralpins la desserte des principales villes du Sillon Alpin.
C’est aussi cela, la coopération entre territoires que vous appelez régulièrement de vos vœux.
Pour toutes ces raisons et pour vous éviter un drame inutile dans votre exécutif, je vous invite à soutenir ma candidature comme représentant de la Métropole de Lyon au comité de liaison.
Je vous remercie.