Monsieur le Président, mes chers collègues, en complément de l’intervention de notre collègue David Kimelfeld, et pour faire écho à la Conférence des Présidents, durant laquelle je vous indiquais sur la délibération relative au PLU-H que nous n’avions rien à dire, en fait nous avons beaucoup à en dire et nous saisissons ce temps d’ouverture du Conseil pour vous faire part, encore une fois, de nos inquiétudes et de nos interrogations.
Concernant nos inquiétudes, lors d’une intervention lors du vote de la PPI, le 21 janvier dernier, je vous indiquais, je cite : « N’oubliez pas non plus les Maires et les 59 communes de cette Métropole : vous constaterez aussi, bien vite, qu’un grand nombre d’entre eux n’adhèrent pas à votre philosophie politique, mais que vous serez obligés de travailler avec eux pour répondre aux attentes des Grand Lyonnais et surtout, ne vous comportez pas en nouveaux Conquistadors car le boomerang revient toujours un jour ».
Le boomerang est revenu bien vite et la situation que nous vivons depuis quelques jours est pénible et ne grandit pas l’action publique. Cela nous rend inquiets pour la suite du déroulement de ce mandat.
Nous sommes, par exemple, inquiets pour le PLU-H. Nous y percevons surtout une somme d’injonctions paradoxales entre ceux de votre majorité, qui soutiennent une politique de développement de l’offre tellement volontariste sur le logement social que le mieux sera probablement l’ennemi du bien, avec le risque, au final, d’avoir voulu des exigences tellement importantes, que l’équilibre des opérations ne sera pas atteint et donc que rien ne se fera.
D’autres dans votre majorité soutiennent une voie différente, plus décroissante, certes mollement, en sourdine, mais avec toutefois une musique de fond suffisamment audible pour remettre en cause un certain nombre d’orientations majeures du PLU-H, notamment sur le développement économique et la préservation des capacités futures de la Métropole. Suffisamment en tout cas pour inquiéter les acteurs économiques depuis des mois et tous ceux qui participent du dynamisme de notre Métropole. Nous profitons de cette tribune pour relayer cette inquiétude. Cette inquiétude, ce n’est pas avec un dîner, dans la douceur d’une nuit de fin d’été à Cannes, avec quelques promoteurs, que vous la soulagerez.
Inquiétude encore sur l’ampleur de la modification du PLU-H qui ressemble à une révision générale déguisée (plus de 1 000 points revus dont 60 points de règlement) et surtout guidée par une logique idéologique visant à verdir un document qui l’était déjà, mais de façon très pragmatique, adopté à l’époque à une très large majorité et sur un consensus bâti avec les Maires car, au final, ne l’oubliez pas, ils délivrent les permis de construire.
Inquiétude toujours sur la schizophrénie de certains membres de votre majorité qui avaient voté des deux mains ce document, y compris avec des propos élogieux sur la méthode et les résultats. Mais hélas, boum, patatras, deux ans après, on remet à plat le document, laissant entendre qu’il n’y avait rien de bon dans le travail produit.
Inquiétude aussi sur l’association des Conseillers métropolitains, pourtant élus au suffrage universel, comme les membres de l’Exécutif. Nous osons espérer qu’avant le passage à l’enquête publique et l’arrêt du projet, nous aurons des réunions de présentations par CTM (Conférence territoriale des Maires) associant tous les élus. Nous avons une expérience, une connaissance fine du territoire qui vous permettrait d’éviter des chausse-trappes sur certains sujets. Dans l’immédiat, nous nous abstiendrons sur la délibération relative au bilan de la concertation, dans l’attente d’une véritable concertation et d’une présentation très détaillée avant l’arrêt du projet afin de nous prononcer au fond.
Interrogations enfin, monsieur le Président, interrogations car, depuis 14 mois et 25 jours que vous exercez le magistère métropolitain, que nous vous écoutons, que nous vous lisons, nous n’arrivons toujours pas à percevoir, d’une part, votre vision du territoire et, d’autre part, comment vous souhaitez nous y entraîner.
Votre vision du territoire, elle s’exprime par bribes, par morceaux, mais il est difficile d’en tirer des enseignements et de définir une ligne claire de votre vision de la Métropole. Or, en l’absence de visibilité, vous nous inquiétez, vous ne rassurez pas nos concitoyens.
N’oubliez jamais, certes que vous avez été élu et que le suffrage universel vous a donné la majorité, mais dans un contexte de forte abstention, de crise sanitaire, et avec des promesses de large concertation des habitants et d’une pratique différente du pouvoir. Vous avez des obligations en la matière. Je vous invite à relire votre discours d’intronisation et à compter le nombre de fois où vous citiez le mot « ensemble ». Depuis, vous semblez l’avoir oublié.
Enfin, sur votre façon et votre méthode de nous y entraîner, là aussi on s’interroge et la crise des derniers jours nous le rappelle à laquelle s’ajoute, depuis vendredi dernier, l’ouverture d’un nouveau front, cette fois-ci avec l’État après celui des Maires.
N’oubliez jamais que le compromis n’est pas la compromission ! Ne soyez pas otage de votre idéologie, sachez sortir de vos dogmes.
Alors, souvenez-vous du boomerang de mon propos introductif. La première fois qu’il revient cela ne fait pas mal, mais si vous le relancez, il reviendra beaucoup plus fort et il pourrait être alors très destructeur.
Personne n’a besoin de cela, ni vous, ni nous, ni surtout nos concitoyens. Ils attendent autre chose de l’action publique, une action publique concrète, concertée avec les communes, au service du plus grand nombre, y compris ceux qui ne sont pas écologistes et ils sont fort nombreux. Monsieur le Président, mers chers collègues, je vous remercie.