Monsieur le Président,
Chers collègues,
– Comme nous l’avons dit et répété à plusieurs reprises, notre groupe n’a pas d’opposition de principe à la régie de l’eau. Nous abordons cette question de la manière la plus pragmatique et la plus utile aux grands lyonnais. Nous ne sommes pas des dogmatiques.
– Mais force est de constater que l’affaire est mal embarquée !
– Je constate tout d’abord que vous avez souhaité mettre fin à la gestion de l’eau par le privé, nous promettant le grand soir et vantant une révolution qui était à notre portée. Nous constatons que vous n’aurez d’autres choix que de faire appel à lui pour assurer certaines missions que la régie ne peut pas maitriser. Certains de vos alliés doivent être bien déçus. Vous avez mis Veolia et les acteurs privés dehors par la porte, ils reviennent par toutes les fenêtres !
– Par ailleurs, si nous souscrivons pleinement aux grands principes, aux objectifs affichés depuis un an et au premier vote à ce sujet, vous n’avez toujours pas répondu à nos interrogations légitimes : quel est le bilan de la DSP ? qu’est-ce que la régie apportera de plus à l’usager ?
– Pour rappel, une délégation ce n’est pas un blanc-seing donné au privé. C’est aussi un pilotage 100 % public garantissant une évaluation des objectifs voulus par la collectivité, avec la possibilité de peser à tout moment sur le délégataire. Cela a déjà été fait.
– Face à ces questions, vous avez assumé et vanté ce que vous considérez être « un choix politique » alors qu’il n’y a pas de dogmatisme à avoir sur la question : autant de collectivités de gauche que de droite font le choix de la régie et autant de collectivités de droite que de gauche font le choix la délégation, et cela a plusieurs fois été évoqué en commission. À Nice, le Maire Christian Estrosi, qui n’est pas spécialement connu pour chanter l’Internationale (à la fête de l’Huma), a choisi le passage en régie parce que le délégataire n’effectuait pas son travail. Ici, vous nous assurez que Véolia a bien fait son travail, et que vous souhaitez continuer à les missionner sur certains aspects mais vous rejetez en bloc la DSP ou toute autre forme juridique !
– À ces interrogations se sont ajoutées de nouvelles en juin lors d’un autre débat à ce sujet : la régie sera-t-elle meilleure exploitante que le délégataire ? Quel taux de rendement et de préservation de la ressource est-il attendu ? Comment seront intégrés les nouveaux agents qui bénéficiaient de conditions de travail avantageuses à Veolia (temps de travail, primes, salaires, retraites, mutuelles…) et qu’ils souhaitent à juste titre préserver ? Les discussions sont aujourd’hui au point mort et les négociations n’ont pas abouti.
– À la lecture de ces nouvelles délibérations, force est de constater que nous n’avons toujours pas de réponses mais que de nouvelles questions se posent :
o Comment allez-vous faire face aux difficultés pour la régie d’être maîtresse de son foncier et donc d’assurer la pérennité de la ressource ?
o Comment la Métropole et la régie peuvent-elles conserver et développer certains compétences métier quand les agents de Veolia ne souhaitent pas à l’heure actuelle rejoindre la régie ?
o Comment comptez-vous maitriser les coûts de fonctionnement inhérents à ce changement et ceux liés à la masse salariale et donc maitriser le coût de l’eau pour l’usager ? Toutes les estimations montrent que le pouvoir d’achat des grands lyonnais va être impacté par vos choix.
§ Par ailleurs, vous prétendez que la régie vous permet de proposer un tarif social. Or, celui-ci était justement déjà en discussion avec le délégataire et existe dans d’autres villes en DSP.
– En définitive, une seule question se pose, Monsieur le Président, la régie de l’eau sera-t-elle opérationnelle le 1er janvier 2023 ? Si oui, quel sera le prix de votre marqueur politique pour le portefeuille des habitants ?
– Prenons garde à ce que votre choix politique assumé ne se transforme pas en catastrophe pour les usagers, sur laquelle nous vous aurons alerté.
– Dans l’attente de ces réponses, notre groupe s’abstiendra.
Je vous remercie.