Monsieur le Président, mes chers collègues,
Si vous me le permettez, avant de vous parler de l’eau, je voudrais dire un mot à Madame Brunel Vieira, qui est intervenue tout à l’heure sur le compte administratif, pour lui dire que beaucoup d’actions, qu’elle s’est appropriée, ont été décidées avant. Et je ne comprends pas cette incapacité à reconnaître ce qui s’est fait de bien avant vous. Nous, nous venons au Conseil de la Métropole, en Commission permanente et de nombreuses fois, nous reconnaissons le bien-fondé d’un certain nombre de décisions. Madame Brunel-Vieira, reconnaître ce qui a été fait avant, cela ne vous affaiblit pas, au contraire, cela vous grandit. Moi, j’ai eu quelques désaccords avec Gérard Collomb, de nombreux désaccords pendant trois ans, mais je sais que la situation financière de cette collectivité n’a pas été écrite à partir d’une page blanche. Elle est le travail depuis 2001. Et si nous avons pu répondre à cette crise de manière efficace et à d’autres crises qui étaient devant nous lors de la création de la Métropole, je pense, parce qu’on l’a évoqué souvent, les mineurs non accompagnés, c’est parce que cette Métropole était solide financièrement et c’est aussi le fruit et le travail de nos aînés. Il n’y a pas à rougir de le reconnaître.
Et puis vous dire aussi, et je l’ai dit hier à madame Vessiller, laissez-nous gérer nos groupes. Laissez-nous décider de qui doit intervenir, un homme, une femme, telle personne du territoire ou des territoires. Ce ne serait pas admissible que je vous dise aujourd’hui : changez de Vice-Président aux finances, prenez une femme plutôt qu’un homme. Cela n’aurait aucun sens. Laissez-nous vraiment, tranquillement, gérer nos groupes, je vous en remercie. Je vous remercie par avance de cette bienveillance.
Sur l’eau, lors de vos premières annonces et délibérations sur la régie pour l’eau, nous vous avions indiqué que nous n’étions pas opposés, par principe, à ce passage, à une condition qui a été répétée, je crois, notamment, par Louis Pelaez, c’est que ce passage amène une plus-value pour la Métropole, ses agents (cela a été évoqué par madame Charnay) et pour ses habitants. Certains dans votre majorité avaient rendu hommage avec une grande émotion, monsieur Groult l’a évoqué tout à l’heure, je ne vais pas refaire le lyrisme de la dernière fois, de grands slogans, le début du démantèlement du capitalisme, du libéralisme incarné par Veolia, une entreprise qui, selon certains, foulait au pied le respect de ses salariés, méprisait la RSE (responsabilité sociétale d’entreprise), était prête à livrer notre bien commun (l’eau) au grand capital, au mépris de la collectivité. Nous avions, à l’époque, tenté de modérer leur démonstration en expliquant qu’une DSP n’était pas une privatisation. D’ailleurs, peut-être que vous en déciderez d’autres DSP dans les prochains temps et dans les prochaines années sur d’autres sujets.
Une DSP, c’est simplement une délégation avec un pilotage 100 % public garantissant une évaluation des objectifs voulus par la collectivité, avec la possibilité de peser à tout moment sur le délégataire. C’est, d’ailleurs, ce qu’avait fait en son temps Gérard Collomb, et cela a été évoqué tout à l’heure, sur le prix de l’eau. Nous avions rajouté qu’il n’y avait pas de dogmatisme à avoir à choisir car autant de collectivités de droite ou de gauche ont décidé, cela a été dit, en tenant surtout compte d’abord de l’histoire de leur territoire, de la qualité ou non des prestataires, de l’exigence des élus, de la technicité nécessaire au territoire.
À la lecture de cette délibération, nous ne comprenons toujours pas ce qui vous pousse à la régie. Les objectifs, je crois qu’il y en a neuf au total sur la délibération, ne sont pas nouveaux. Ils sont identiques à ceux exigés en DSP. Peut-être que certains ont du mal à nous croire, mais je vous promets que nous n’étions pas des fous furieux, inconscients. D’ailleurs, il y avait certains de vos Vice-Présidents qui étaient avec nous. Nous n’étions pas des fous pour une eau polluée, une eau chère, hors contrôle de la collectivité, gaspillant la ressource, mettant en insécurité la production et la distribution, choisissant une entreprise qui ne pratiquerait pas une politique RSE, conforme à ce que nous puissions attendre digne de ce nom en direction de ses salariés. Non, monsieur le Président, nous étions dans les mêmes objectifs, et cela a été dit et, notamment, contrôlé par une commission qui associait de nombreux partis politiques, de nombreux groupes, et qui reconnaissait aussi ces objectifs. Nous étions dans les mêmes objectifs auprès du délégataire qui a, et ce n’est pas moi qui le dis, mais vous, vous l’avez dit à plusieurs reprises, y compris dans la presse et la commission d’évaluation du précédent mandat, une entreprise qui a rempli, et voire qui a dépassé, ses objectifs en acceptant il y a encore quelques semaines, vous l’avez noté, la Gonette en son sein. Pour un affreux capitaliste, c’est du masochisme ou le délégataire n’a peut-être renoncé, comme madame Charnay l’indiquait, à jouer un rôle sur le territoire.
Ce ne sont pas les objectifs qui poussent au passage en régie, même s’il vous reste à les quantifier, par exemple. Quel rendement, par exemple, souhaitez-vous ? Veolia avait atteint 80 %. Que voulez-vous ? 90 % ? 100 % ? Plus ? Est-ce la capacité de recherche et de développement de la Métropole sur cette question ? Je ne crois pas non plus tant le délégataire peut, à travers son implantation internationale, bénéficier de réseaux beaucoup plus développés en matière de recherche et développement. Est-ce alors, cela a été évoqué par madame Charnay, la volonté de sortir du délégataire des salariés exploités par leur employeur pour les embaucher à la Métropole dans une structure si proche ? Je ne crois pas, si j’en crois l’intersyndicale CGT, CGC, CFDT des salariés de Veolia Eau du Grand Lyon, qui vous demande une entrevue, que vous leur aurez peut-être accordée d’ici là pour que toutes leurs conditions (temps de travail, primes, salaires, retraites, mutuelles, etc.) soient bien prises en compte par la collectivité, car sinon, ils ne viendront pas. Et sans eux, ne viendront pas les expertises, les connaissances du réseau, la capacité de l’innovation, finalement le service que l’on doit aux habitantes et aux habitants de cette Métropole.
Alors, monsieur le Président, quand nous avons éliminé tout cela, nous demandons à être convaincus que cet investissement, pour commencer, de 8 M€ pour passer en régie n’est pas simplement un symbole, un étendard ou un accord électoral. Quand allez-vous nous dire à nouveau quelle est la plus-value qui nous permettra de vous soutenir dans cette démarche ? Dans l’attente de cette précision, nous nous abstiendrons, et je voudrais associer à mes propos le groupe Synergies et apparentés.
Je vous en remercie.