Vous savez notre attachement à ce dispositif que nous défendions en 2019 et nous nous réjouissons de voir aujourd’hui tous les points que nous détaillions alors repris dans vos politiques.
La population jeune en grande précarité est en augmentation sur notre territoire et plus de 20 % des jeunes de 15 à 29 ans vivent sous le seuil de pauvreté. Parmi ces jeunes, il apparait qu’une grande partie a préalablement relevé de la protection de l’Enfance. Ce sont ceux qui basculent en effet le plus facilement dans la grande précarité. Il apparait également que les dispositifs d’aides, s’ils existent, sont souvent inutilisés car portés par des interlocuteurs et des critères d’attributions différents avec des délais de traitement souvent longs.
Cette mesure du RSJ s’inscrit donc dans une volonté partagée de rompre avec l’exclusion de ces jeunes en très grande précarité en leur garantissant un revenu de base pour les libérer des contingences liées aux besoins vitaux et ainsi se concentrer sur leur parcours d’insertion, à leur rythme.
C’est une des réponses aux nombreuses problématiques rencontrées par la jeunesse de notre territoire qui doit pouvoir étudier, réussir son insertion professionnelle, circuler, se loger, se nourrir, accéder aux loisirs et à la culture.
C’est pourquoi nous devons rester mobilisés et vigilants pour que cette expérimentation ne se solde pas par un échec.
Nous n’avons que 8 mois de recul mais les premiers éléments de bilan transmis lors de la commission de la semaine dernière laissent encore de très grosses zones de flou sur nos capacités de repérage et de suivi de ces jeunes et sur les évolutions à prévoir notamment pour relier ce dispositif à ceux bientôt mis en œuvre par l’État. Nous regarderons avec attention les résultats qui seront collectés en avril et septembre 2022 dans le cadre de l’évaluation du dispositif. Il sera essentiel de poursuivre l’écoute des associations et structures partenaires, professionnels du travail social qui avaient déjà contribué à une étude NOVA 7 dans le cadre du déploiement du projet expérimental, et alertent encore aujourd’hui sur les problématiques d’interconnaissance entre acteurs et d’accès au droit pour les jeunes. De plus, ce dispositif n’a pas encore d’effet direct sur l’accès au logement.
Au vu des premiers constats, il nous semble primordial dès à présent d’anticiper les réajustements nécessaires à l’efficience de cette mesure, pour que tous les jeunes désocialisés et éloignés de nos relais habituels ne soient pas exclus d’un dispositif dont ils doivent être les premiers bénéficiaires.
Nous savons la difficulté d’une telle tâche mais c’est tout l’enjeu de ce dispositif qui ne pourrait se contenter d’être une mesure d’affichage mais se doit d’être un tremplin vers un autre dispositif, une formation ou en emploi.
Emilie Prost