Chers collègues,
Tout d’abord, je tiens à préciser qu’au vu des nombreux sujets importants liés à la mobilité inscrits à l’ordre du jour de ce Conseil (ZFE, Voies lyonnaises, P+R), mon intervention portera sur les mobilités de manière globale, afin de gagner un peu de temps et surtout de me permettre de donner une vision assez transversale et plus globale de ces problématiques qui sont intimement liées.
Et malheureusement, nous l’avons déjà dit, c’est cette vision globale du territoire qui a tendance à faire défaut à cet exécutif, surtout lorsque l’on commence à parler de mobilités.
Cela se traduit par deux constats : vous ne faites pas plus vite que les autres, et vous ne faites pas nécessairement mieux non plus.
Sur la ZFE d’abord, qui est un exemple très concret et plutôt frappant de ce que je viens d’évoquer. Plutôt que de travailler dans la continuité de ce qui avait été expérimenté, et de prendre le temps en suivant le calendrier de l’Etat, vous nous aviez annoncé vouloir aller plus vite et plus loin avec l’interdiction en 2026 des critair 2. De même en ce qui concernait le périmètre de la ZFE.
Nous vous avions alors alerté à plusieurs reprises sur le risque de vouloir aller trop vite, risquant ainsi de mettre au pied du mur une grande partie de la population qui n’aurait pas les moyens de changer de véhicule sans une aide conséquente en un laps de temps aussi restreint.
Finalement vous avez rétropédalé et on se retrouve donc avec un projet de ZFE qui ne vas pas forcément plus loin et qui, s’il essaie d’aller plus vite, tend à le faire en opposition au principe de justice sociale. J’en veux pour preuve le scepticisme de l’aile gauche de l’exécutif ou plus exactement les élus de votre exécutif qui savent que la question sociale ne peut pas être ignorée au profit de la transition écologique
Et ils ont le droit d’être sceptiques, surtout quand on met en perspective l’argent investie sur les voies lyonnaises et celui mis dans les aides pour le changement de véhicule dans le cadre de la ZFE.
- Le montant total de l’autorisation de programme « Lutte contre les pollutions » (qui ne comprend d’ailleurs pas que les aides ZFE) est de 8 103 395 € (dont 4 850 000 € TTC votés au conseil du 14/03/22 lors de la délibération sur la première étape d’amplification ZFE répartis entre 2022 et 2024).
- En parallèle, ce sont 282M€ qui sont prévus pour les 12 voies lyonnaises sur le mandat 2020-2026, et le Compte financier unique nous précise que ce sont 6M€ qui ont été investis sur les VL en 2022.
Mais le problème de justice sociale se joue, au-delà des aides, sur les alternatives proposées.
Car à part « prenez un vélo », qui peut être une solution mais qui ne saurait être l’unique solution, vous n’apportez pas de réponse et notamment sur les transports en commun.
Nous l’avons déjà évoqué mais cette ZFE ne peut être effective qu’avec le renforcement du réseau de transport en commun. Et le compte n’y sera pas.
Alors même que le retour d’expérimentation des foyers pilotes indique spécifiquement que le coût, et l’absence d’alternatives compétitives sont des freins au changement de mobilité, qui est vécu en réalité comme un changement de mode de vie car il réorganise la vie du foyer, ce qui n’est jamais une chose simple.
Mais qu’à cela ne tienne puisque, nous l’avons compris désormais, votre objectif est celui du tout vélo !
Et sur ce point encore une fois, la révolution attendra.
J’ai quand même du mal à comprendre comment vous arrivez à crisper autant avec un sujet qui pourtant pourrait faire l’unanimité.
Nous avions déjà 100km de pistes existant, sur les même territoires, et je n’ai pas souvenir de telles crispations, ni de conflits d’usages. C’est sans doute la méthode qui est mauvaise.
M. Bagnon, vous pensez être à la tête de quelque chose d’extraordinaire mais ça se fait partout (Nice, Bordeau, Montpellier, etc.). Vous mettez en avant les nouvelles mobilités, mais vous n’inventez rien. Et encore moins ici même ou comme je le disais ou vous me disiez en d’autres temps notre territoire était déjà bien engagé sur ces sujets.
En fait, vous avez le même travers que Louis Pradel qui faisait du tout voiture ! Avec le tout vélo, vous en voulez partout et on arrive nécessairement à des problèmes d’insertion urbaine Et en effet, il y a plein d’endroits où cela ne passe pas !
Qui plus est, cela tend également à mettre de côté toutes les personnes en difficulté, avec un handicap, etc. car ce que vous dessinez c’est principalement une ville pour les 30/40 ans en forme et avec les moyens de vivre les nouvelles mobilités telles que vous les imaginez
C’est bien dommage, car je pense que le sujet des mobilités actives et des vélos pourrait être un sujet de consensus assez fort.
Dans la même veine, si on ne peut être que d’accord pour développer les P+R aux alentours des gares TER, on constate tout de même une volonté affichée de ne pas répondre aux besoins existants sur les P+R, et notamment en lien avec le réseau de transport en commun qui semble définitivement être le parent pauvre de votre mandat en ce qui concerne les mobilités.
La suroccupation de certains P+R démontre leur pertinence, et les projections à horizon 2030 indiquent que leur saturation va augmenter, faisant également passer le nombre de véhicules en débord à 2 400 véhicules en 2030.
Tout cela nous laisse donc assez sceptiques car malgré les incantations de Messieurs Bagnon et Lugesntrass, les voitures ne vont malheureusement pas s’évaporer du jour au lendemain.
Mais vous me connaissez, j’essaie toujours d’être optimiste ! Vous nous dites que « Les principes de mise en exploitation des P+R TER et de cohérence entre P+R TER et P+R SYTRAL imposent un travail multi-partenarial » notamment avec la Région.
J’ose espérer que cela signifie que vous allez enfin vous mettre autour de la table avec la Région mais aussi l’Etat sur un sujet tout à fait connexe : le développement des lignes de TER.
D’ailleurs il n’y a pas que sur le TER que nous espérons vous voir évoluer. Je pense aussi et surtout au sujet de la liaison Lyon Turin sur lequel il va falloir éclaircir vos positions et sortir de votre posture d’opposant politique.
Depuis son élection, votre majorité n’a eu de cesse d’affirmer son opposition à cette liaison et de demander ni plus ni moins que la suspension immédiate du chantier. Votre position est évidemment respectable…même si pendant 20 ans vous avez dit exactement le contraire avant de faire un virage à 180° en 2012.
Je ne rentrerais pas ici dans une querelle de chiffres et de considérations techniques que personne ne maitrise dans cette salle. Ce qui est sûr, c’est que pas un professionnel du rail ne valide votre position selon laquelle les infrastructures existantes sont adaptées à une massification du fret ferroviaire entre nos deux pays. Toutes les entreprises de fret ferroviaire, tous les syndicats de cheminots (à l’exception de Sud Rail), tous ceux dont c’est le métier, considèrent le Lyon-Turin comme essentielle et considère votre opposition comme anachronique.
Dès lors, avoir des ambitions conjointes en matière de décarbonation massive des mobilités, de coopération économique, de développement touristique… en s’opposant au Lyon-Turin, c’est avoir une vision à courte vue qui s’oppose à la notion même de « stratégie ».
Alors bien sûr, réaliser une telle infrastructure a évidemment un impact sur l’environnement. Mais sur le long terme, ses bénéfices environnementaux sont infiniment supérieurs.
On cherche donc la cohérence et on compatit avec les élus socialistes de votre majorité qui sont contraints de faire profil bas alors que le PS a permis à ce projet de franchir quelques-unes de ses étapes les plus décisives.
Le tunnel sous les Alpes en cours de creusement est irréversible. Faire croire que l’on pourrait arrêter le chantier (en mettant au chômage 1500 personnes et en jetant des milliards d’euros par les fenêtres), c’est prendre les gens pour des imbéciles En 2019, les populistes italiens du Mouvement 5 Etoiles, alors au gouvernement, s’y sont cassés les dents. Ils ont reconnu au final que cela couterait plus cher de stopper le chantier que de le terminer.
Récemment interrogé sur le sujet, vous avez répondu ne pas être fondamentalement opposé au projet mais vous opposé au symbole qu’il représente pour le Fret ferroviaire face aux véritables investissements financiers sur l’ensemble du territoire. Je comprends cette analyse mais MR LE PRESIDENT, allez un peu plus loin en expliquant que ceci n’est pas contradictoire
Ne soyez pas effrayé de vous écarter de quelques élus aux posture idéologiques pour vous rapprocher de votre propre électorat qui majoritairement a compris la nécessité d’un tel projet
Alors que l’État s’est engagé à prendre toute sa part au projet, alors que la Région a elle aussi annoncé son engagement sur le sujet, nous vous invitons donc à reprendre le travail collectivement sur le sujet afin que ce projet essentiel à la décarbonation de nos mobilités puisse voir le jour et que la Métropole puisse en être un acteur central.
ZFE, Voies lyonnaises, P+R, Lyon-Turin, tous ces éléments combinés nous donnent un savoureux cocktail qui peut se résumer ainsi : vous souhaitez enfermer la métropole et même plus, confiner le centre-ville. Surtout lorsqu’on rajoute par-dessus tout ce que je viens d’évoquer, le projet Presqu’ile qui va également bien dans ce sens.
Nous pensions que tout cela relevait d’un manque de vision de votre part, mais en réalité c’est une vision très claire de la métropole qui se dessine à mi-mandat : Une métropole renfermée sur elle-même et divisée.
Pendant la campagne électorale , je m’étais questionné sur le sens de votre slogan ‘la métropoile pour nous ‘ , vous nous démontrez mois après mois que ce slogan n’est pas un simple slogan mais bien un objectif ‘ une métropole pour nous ‘ excluant ceux qui ne seraient pas des vôtres
Je vous remercie.