Monsieur le Président, mes chers collègues,

en examinant les délibérations concernant le foncier, notre attention s’est fixée sur un dossier : l’acquisition du foncier Bobst à Villeurbanne au cœur du Carré de Soie. Là encore, nous croyons que vous persistez sur la même voie, empruntée depuis bientôt un an, consistant à faire croire que vous faites de bonnes affaires en matière foncière et immobilière, que vous seriez une sorte de Stéphane Plaza local.

Ainsi, vous nous présentez de façon régulière un épisode de votre série fétiche sur l’immobilier et le foncier de la Métropole. Nous avons eu droit à l’épisode « Recherche immeuble à brader désespérément » avec l’acquisition du numéro 100 de la rue Bugeaud, puis sa revente à prix d’ami avec 50 % de décote, soit 6,7 M€ de pertes pour la Métropole, précédé auparavant de l’épisode « Comment s’asseoir sur une recette foncière de 12,2 M€ ? » avec le Collège Scève.

Et nous avons maintenant droit à un nouvel épisode dont le titre est « Piètre négociateur foncier cherche paiement pour geler un projet urbain et le reporter aux calendes grecques » avec, cette fois-ci, 17,5 M€ mobilisés pour un projet dont on nous a affirmé, en commission, que rien ne s’y passerait ni ne s’y développerait d’ici la fin du mandat.

En effet, sur ce tènement industriel, l’industriel suisse Bobst, qui dispose depuis de nombreuses années d’une implantation lyonnaise a souhaité réorganiser son outil de production et implanter une nouvelle unité sur la Commune de Bron. Pour financer sa nouvelle implantation, il souhaitait arbitrer le bien dont il dispose au Carré de Soie, dans un site à fort potentiel de développement, très bien desservi par les transports en commun : métro A, tram T3, Rhônexpress et de nombreuses lignes de bus.

Bien évidemment, dans un contexte de raréfaction du foncier, cet arbitrage suscitait quelques convoitises de la part des opérateurs immobiliers mais un consortium public/privé, constitué d’un opérateur immobilier national, du bailleur métropolitain EMH (Est Métropole habitat) bien présent à Villeurbanne et enfin, de la SERL, entreprise publique locale bien connue et sérieuse, se proposait de réaliser l’acquisition au prix de 19 M€ et d’y développer, en lien avec la collectivité, un projet urbain dans une temporalité plus serrée que celle que vous nous proposez.

Vous me direz, 17,5 M€, c’est toujours moins que 19 M€, certes, mais ces 17,5 M€ vont sortir directement des caisses de la Métropole, là où cela était financé et acquis par des tiers, donc sans mobilisation financière de la Métropole.

Par ailleurs, dès que vous en serez propriétaire, vous serez aussi en charge de l’ensemble des coûts cachés : gardiennage et surveillance, à moins que vous ne vouliez en laisser faire un squat, pour répondre au tropisme d’une partie de votre majorité, perte de recettes fiscales durant un mandat, dépollution et démolition du site dès qu’un projet émergera.

Vous allez sûrement nous faire croire que ces coûts seront mineurs, ils ne le seront pas. Je parie qu’au final, la somme déboursée sera bien supérieure à ce que prévoyait le consortium, à savoir 19 M€, et sans coûts cachés pour la collectivité.

Nous exigerons donc un décompte annuel des dépenses affectées à ce site pour quantifier tout cela, au titre de la transparence de vos opérations immobilières.

Par ailleurs, si j’en crois mes informations, dans ce nouvel épisode, vous avez été un piètre négociateur. Votre mise à prix se situait aux alentours de 12 M€ ou 13 M€, affirmant qu’au-delà de ce prix, c’était largement surpayé. Vous êtes ensuite passé à 16,5 M€, puis, face à la menace du vendeur de retirer sa vente, vous avez lâché 1 M€ supplémentaire de peur de perdre l’acquisition de ce bien. Ce n’est pas très brillant comme résultat ! Enfin, quand on ramène le montant de l’acquisition au mètre carré de surface de plancher, c’est cher pour des locaux que vous devrez porter pendant de nombreuses années puis ensuite, démolir.

Enfin, quelle est la véritable raison de cette acquisition ? Maîtriser le foncier ? Le consortium le proposait et aussi à des coûts comparables sans impact pour les finances de la Métropole et dans une logique de partenariat avec la collectivité.

Volonté hégémonique de tout maîtriser, elle n’est pas nécessaire quand on connaît la capacité de la Ville de Villeurbanne à cadrer les projets urbains associés à la mission Carré de Soie qui a su, au fil des années, mettre des règles pour faire aboutir les projets du secteur.

Nous constatons en trois épisodes que la bonne gestion des deniers publics, et notamment une gestion en bon père de famille, est le cadet de vos soucis. Quasiment 36,4 M€ que je pourrais qualifier de « cramés » inutilement entre abandons de recettes, décote à prix d’ami et acquisitions conséquentes et inutiles sans but précis et out cela, en quelques mois.

Mais qu’en sera-t-il d’ici la fin du mandat, monsieur le Président ? Si vous continuez à ce rythme, on dépassera la centaine de millions d’euros. Vous mettez aussi à mal la logique de co-production de la ville et le partenariat public/privé qui existait sur ce sujet mais, vous le verrez, sans ce partenariat, point de salut, et notamment sur la question du logement social.

Enfin, plus généralement, sur la question du développement urbain et de l’habitat, cela montre votre complète duplicité sur ces sujets et surtout votre absence totale de vision. Alors que vous affichez des objectifs élevés de production, Scève et Bobst sont deux exemples très concrets du retard que vous faites prendre à la Métropole en matière de logement. Scève aurait pu être livré dès la mi-mandat et Bobst en fin de celui-ci. Nous serons plutôt sur la fin du mandat pour Scève et le mandat prochain pour Bobst. Enfin, ces 36 M€ auraient pu être utilisés plus intelligemment pour la politique de l’habitat ou celle du renouvellement urbain, par exemple.

Sur ce projet, nous aurions bien évidemment soutenu le projet porté par le consortium, car il permettait d’aller plus vite, de le négocier de façon partenariale et de contribuer ainsi à la production de logements dans un secteur très bien desservi, logements dont nos concitoyens ont tous besoin et sans impact financier pour la Métropole.

En conclusion, en l’absence de transparence, de vision globale et de véritable volonté de travailler avec vos partenaires, nous voterons contre ce projet de délibération.

Je vous remercie.