Catherine Panassier

Monsieur le Président, chers collègues

Nous nous réjouissions de la présentation d’une charte des espaces publics tant cet enjeu de la qualité de l’espace public dans nos territoires est important.

  • Important pour le vivre ensemble, pour que cet espace ouvert à la fréquentation et à l’usage s’adresse réellement à tous, et, qu’au-delà de ses premières vocations d’usages au premier rang desquelles figure le déplacement, il facilite la rencontre et le débat ou à minima de saines cohabitations.
  • Important aussi pour l’image de notre métropole qui participe de notre identité, de notre fierté commune de l’habiter et de son attractivité.

Or, si l’on note des intentions louables dans la charte proposée dans ce rapport, nous déplorons l’absence de points pourtant fondamentaux à nos yeux.

La question du beau n’est pas abordée. Or, la beauté de l’espace public est un objectif politique fort qui souligne une volonté d’offrir à tous et de partager un espace commun. Le paysage urbain n’est pas qu’une addition de flux, de végétalisations et d’objets. Et le beau dans l’espace public, ce n’est pas seulement la présence d’œuvres d’art, mais l’art d’harmoniser et d’agencer les éléments urbains, le mobilier urbain, les revêtements de sol, les végétaux, les couleurs des façades….

La question du fonctionnement et des règles qui doivent prévaloir pour faciliter le vivre ensemble n’est pas explicite. Comment alors parler de ville apaisée ?

La question de l’entretien des espaces n’est pas non plus précisée. Or, la saleté des espaces est fortement nuisible. Bien sûr cela dépend de la civilité des utilisateurs mais pas seulement.

La propreté des espaces relève avant tout des moyens mobilisables. Et quand les jardiniers se retrouvent à devoir nettoyer avant de jardiner, leur mission est remise en cause.

Enfin, la question de la sécurité ne figure pas dans la charte. Et pourtant, se sentir en sécurité dans l’espace public est primordial pour nos concitoyens. Nombre d’études ont été réalisées sur l’urbanisme sécuritaire.

En référence à nos valeurs et à notre appréhension politique de l’espace public, l’imprécision ou l’oubli de ces points dans ce projet de charte nous conduisent à nous abstenir sur ce rapport et à vous demander une meilleure prise en compte des points que nous venons d’évoquer.

Par ailleurs, et vous le savez, nous sommes fortement partisans pour limiter la place de la voiture en ville et penser en priorité aux piétons. Si nous ne sommes pas tous utilisateurs des TC, du vélo ou de la voiture, nous sommes tous piétons. Vous affichez également cette priorité, mais dans les faits, dans vos premières réalisations et projections, c’est bien une priorité à l’usage du vélo qui se manifeste. Mais si le développement de l’usage du vélo est une excellente chose, il ne doit pas se faire au détriment du confort du piéton ni occulter que le premier recours à une moindre utilisation de la voiture est celui des transports en commun. Et pourtant, c’est bien ce ressenti largement partagé que nous connaissons aujourd’hui et que cette charte ne participera pas à endiguer.

Je vous remercie de votre attention.