David Kimelfeld

Seul le prononcé fait foi

Monsieur le Président,

Chers collègues,

Lors du Débat d’orientation budgétaire en fin d’année dernière, vous nous présentiez les grandes lignes de ce qu’allait transparaitre dans ce Budget primitif 2024 : Un budget en tension.

Des tensions il y en a, et si toutes ne sont pas de votre fait, force est de constater que vous ne faites pas le nécessaire pour éviter que certaines se renforcent ou que d’autres ne se créent.

Vous l’expliquez vous-même, nous somme face à un effet ciseau négatif créé par une baisse des recettes d’un côté et d’une hausse constante des dépenses de fonctionnement de l’autre.

Et pourtant vous nous annoncez dans le même temps que vous arriverez à maintenir le cap malgré les conjonctures défavorables… Une forte tension effectivement qui en deviendrait même presque un paradoxe, à moins que vous n’ayez trouvé la solution miracle pour faire mieux avec moins…

Vous me pardonnerez j’espère si je ne crois pas à cette dernière option.

Mais alors quelles sont les solutions ?

On pourrait d’abord croire que vous devriez faire face au dilemme de la priorisation des projets, pour pouvoir mettre en place les plus essentiels pour le territoire, quitte à en reporter certains plus accessoires.

Cela ne semble pas être le cas puisque vous souhaitez maintenir votre cap. C’est bien dommage car une refonte des priorités sur les sujets qui créent justement des tensions, comme le logement par exemple, serait un début de réponse.

Malheureusement il n’en est rien. Nous avions déjà déploré votre « plan d’urgence logement » qui n’était ni un plan, ni d’urgence, et ce Budget ne saurait nous rassurer davantage. Malheureusement, maintenir le cap ne sera pas suffisant d’autant que même au sein de ce plan d’urgence, vous vous contentez de redéployer les crédits que vous n’avez pas pu consommer faute de projets.

Mais alors sur quoi concentrez-vous les dépenses, si ce n’est sur les sujets les plus brûlants ? Question quasi rhétorique puisque nous avons également pour ce conseil la présentation du Plan vélo, avec pas moins d’un demi-milliard d’euros prévus pour le mandat. On y retrouve près de 300M€ pour les Voies lyonnaises ainsi que 20M€ pour l’aide à l’achat de vélo. On notera aussi que la Plan piéton qui est apparemment inclus dans le plan vélo est tout de même moins doté avec deux fois moins de budget que les aides à l’achat.

Promouvoir la pratique du vélo est une bonne chose, vous ne me ferez pas dire le contraire. Pour autant le maintien du déploiement des voies lyonnaises à sa cadence actuelle, avec les nombreux points de nuisance qu’on leur connait, et alors que dans le même temps vous repoussez le développement du réseau cyclable secondaire au mandat prochain nous laisse cependant perplexe.

On notera également au passage que pour 2024, les dépenses d’investissement dans les VL sont presque 4 fois supérieures à celles dans l’accompagnement des projets SYTRAL.

Par ailleurs, Monsieur le Président, cela fait un nombre incalculable de fois que différents élus de l’opposition vous demandent que des éléments nous soient communiqués sur l’avancement de la PPI. Cette PPI représente quand même 668 M d’euros dans ce budget 2024 et nous devons voter ce volume de crédit sans rien pour en apprécier la validité.

Je vous rappelle par ailleurs l’article 87 de notre règlement intérieur intitulé « Droit à l’information » et qui stipule que « tout document nécessaire pour apprécier le sens, la portée et la validité des rapports, sont consultables […]. Ils peuvent être transmis à la demande de tout conseiller si le volume le permet […] ».

Lors de la dernière commission des finances, Monsieur le Président, la demande de communication d’un document ou a minima d’une présentation suivie d’un moment d’échanges, concernant le suivi de l’avancement de la PPI a été formulée et je vous la formule à nouveau publiquement.

Merci par conséquent de bien vouloir respecter l’article 87 de notre règlement dans les plus brefs délais.

Peu de surprises donc, mais comme évoqué précédemment l’effet ciseau est bien réel et il y aura donc forcément des répercussions.

La hausse de la TEOM, qui peut se justifier en partie par le déploiement de la collecte des déchets alimentaires, pourrait elle être le premier pas vers une hausse de la fiscalité locale plus large ?

Cela risque fort d’être votre solution puisque revoir vos priorités semble hors de propos.

Et il faudra bien réfléchir à des solutions au vu de la forte baisse des DMTO (21.2%) et des prévisions relativement pessimistes concernant leur évolution à l’avenir. Même si la situation est nationale, nous le savons, on ne peut s’empêcher de se poser la question de l’influence de votre politique de « non attractivité » sur cette baisse qui est l’une des plus élevées de France surtout pour une grande agglomération (Paris étant par exemple à -15%).

De même, pour pouvoir maintenir comme vous le souhaitez l’investissement, il faut que l’épargne générée soit suffisante pour éviter un recours excessif à la dette.

Hors de ce coté là aussi vos résultats ne sont pas satisfaisants, avec une épargne brute qui baisse de 16.1%, la situation ne sera pas tenable longtemps. Cela s’incarne d’ailleurs par un autofinancement qui diminue de 41M€(263M€ en 2024).

On ne peut dès lors se diriger que vers une métropole qui impose son ambition par la force, soit en augmentant les impôts, soit en s’endettant davantage dans un contexte incertain.

A moins bien sûr que vos promesses d’équilibre ne tombent à l’eau, et que vous rejetiez la faute d’objectifs non tenus sur une restriction des dépenses imposée par l’État.

L’important n’est pas tant de savoir à qui incombe la faute mais plutôt qui en paiera le prix, et pour le coup ce seront sans aucun doute les grands lyonnais.

Pour conclure M. le président vous êtes comme quoi attaché au modèle original de cette métropole avec ses imperfections mais attaché à ce modèle qui nous donne la possibilité avec le dynamisme économique de rentrer des recettes qui peuvent nous permettent de mener des politiques sociales ambitieuses à la différence des départements qui avec les mêmes compétences dépendent uniquement du bon voulu de l’état.

Mais pour cela il faut faire des choix, des arbitrages quittent à rendre chafouins une partie de votre majorité mais continuer à accueillir des activités économiques fortes en faisant la promotion de notre territoire bien sûr respectueuse de l’environnement et avec une vraie politique RSE reste la meilleure des solutions pour sortir de cet effet ciseau que tout le monde a en tête.

Je vous remercie.